Juricomptabilité et évaluation d'entreprise

Corruption

Les condamnations au Canada en matière de crimes financiers

dreamstime_4318940Le site “Chronique de droit criminel” tenu par un avocat  spécialisé en droit criminel a fait une revue de la jurisprudence sur les peines  pour les infractions de fraude substantielle. D’ailleurs l’arrêt R. c. Coffin, 2006 QCCA 471, un  juge a fait un tableau synthèse des peines imposées pour une fraude en tenant compte des facteurs aggravants ou diminuant la peine.

Je vous réfère donc à ce site pour plus de détails: Les chroniques de droit criminel.

D’une façon générale, ce blogue sur le droit criminel est très intéressant et est tenu de façon régulière par Me Éric Bernier :

www. leschroniques de droitcriminel.com

Des exemples, tiré du blogue mentionné précédemment:

R. c. Hartz
C.A. Alb. 2002 ABCA 108 (CanLII), (2002) 312 A.R. 399
Fraude de 123 860 $;
L’accusé a déposé 25 chèques de compagnie de son employeur dans son compte personnel;
43 ans;
Aucuns antécédents;
Problèmes de santé.
Appel d’une peine d’incarcération de 18 mois;
Peine jugée raisonnable: on ne devrait pas s’attendre à une peine d’emprisonnement avec sursis dans les cas d’abus significatif de confiance;
Appel rejeté.

R. c. Stevenson
2002 ABCA 41 (CanLII), (2002) 299 A.R. 159
Fraude, documents contrefaits, vente interdite de biens hors taxe;
650 000 $;
48 ans.
Appel d’une peine d’incarcération de 5 ans;
L’intérêt public requiert que de telles fraudes soient poursuivies et qu’une peine sévère soit imposée;
On tient compte du milieu de l’accusé, de sa famille proche et de sa réputation antérieure dans la communauté;
La peine d’incarcération est réduite à 3 ans.

Le projet de loi C 52, du gouvernement conservateur , a pour objet d’ amender le Code criminel pour imposer une peine minimale de 2 ans dans le cas des fraudes de plus d’un million. Objectif: dissuader les gens de frauder.

Le projet de loi C-52 : Loi modifiant le Code criminel (peines pour fraude) (titre abrégé : « Loi sur le châtiment au nom des victimes de crimes en col blanc ») a été présenté à la Chambre des communes le 21 octobre 2009 par le ministre de la Justice, l’honorable Robert Nicholson. Il est censé être une mesure qui « contribuera à la répression de la criminalité en col blanc et rendra davantage justice aux victimes »(1), grâce à des mesures comme l’imposition d’une peine d’emprisonnement minimale de deux ans aux auteurs de fraudes de plus d’un million de dollars, l’ajout de circonstances aggravantes précises que le tribunal doit prendre en considération au moment de la détermination de la peine, la création d’une nouvelle forme d’ordonnance d’interdiction, l’imposition de nouvelles obligations aux juges en ce qui concerne les ordonnances de dédommagement et la prise en compte, au moment de la détermination de la peine, d’une nouvelle forme de déclaration des dommages subis à la suite d’une fraude.

Source: LEGISINFO

Les condamnations en Chine en matière de crimes financiers

dreamstime_120795181En Chine,  une femme ayant fraudé des investisseurs, sur une période de 2 ans,  pour une somme totalisant 56 millions  a été condamnée à la peine de mort.

In China, the death penalty is used even for nonviolent crimes such as corruption or tax evasion. The country’s highest court, which reviews all death sentences, this year called for it to be used less often and for only the most serious criminal cases.

Une preuve que le phénomène des crimes financiers est internationnal  et que les peines sévères ne semblent pas être un moyen dissuassif.

Source : Associated Press

La fabrication de faux: apprentissage dès la garderie?

dreamstimeweb_706703_presgoldUn réseau de faussaires de cartes et de passeports a été démantelé au Québec et en Ontario.

Le réseau se spécialisait dans la production de faux passeports, de permis de conduire et de cartes de crédit. Des perquisitions ont été menées à Blainville, Laval, Montréal et Toronto, à 39 endroits, dont une garderie privée en installation et deux CPE en milieu familial, tous trois situés à Montréal. L’enquête permettrait de croire que la garderie privée hébergeait un laboratoire de fabrication de faux documents.

Source: Cyberpresse, un article de Hugo Meunier

Une garderie pour cacher un endroit de fabrication de faux, il fallait y penser!

Pourquoi paie-t-on toujours plus cher au Québec?

istock_000000977187xsmallPourquoi paie-t-on toujours plus cher nos contrats de construction, le déneigement l’hiver?

Un autre article  de Cyberpresse,”Québec généreux avec des coupables de collusion”   montrant encore de la magouille au niveau de l’octroi des contrats .

Le gouvernement ne veut toujours pas d’enquête publique malgré la demande de la population , des associations des procureurs, des policiers, etc. Les journalistes sont actifs à dénicher la malversation, mais notre gouvernement attend les résultats d’une enquête policière.

Avec un “marteau” , le gouvernement  va  à la pêche aux requins. Quand on fait des affaires avec des requins, il faut être équipé en conséquence et se donner des moyens de se protéger.  Le gouvernement envoie le message qu’il se fout du gaspillage de nos taxes et gageons que le prochain budget haussera les taxes et impôts. Pourquoi? La santé et l’éducation coûtent cher, la population vieillit, l’infrastructure routière est désuète, et les pertes de la Caisse de dépôt…

Lire aussi: Charest n’a plus d’excuse de Yves Boisvert, Cyberpresse

Un groupe de travail américain est formé pour lutter contre la criminalité financière

Un groupe de travail vient d’être formé aux États-Unis pour étudier les délits financiers:

Le président américain Barack Obama a signé l’ordre de mission de ce groupe chargé, sous la direction du ministère de la Justice, d’enquêter sur les délits financiers liés à la crise apparue l’année dernière et de poursuivre leurs auteurs, ainsi que de prévenir de nouveaux délits.

Source:Reuters France

Depuis les élections municipales au Québec et l’importance médiatique de la grippe AH1N1 et malgré de nouveaux scandales financiers ( des “petits” de quelques millions ) , malgré toute la publicité et les relations publiques de l’AMF pour nous dire qu’elle fait bien sa job, on ne parle plus tellement d’une commission d’enquête au Québec. Certains doivent dire : “ouffff”.

La loi américaine “False Claim Act” : quand la lutte anti-fraude devient payante pour le citoyen .

dreamstime_1072032Durant la guerre civile américaine le gouvernement nordique achetait des mules, des chevaux et des armes en grande quantité. La porte s’est donc ouverte pour que des fournisseurs peu scrupuleux livrent des mules et chevaux malades, des armes défectueuses et des mauvaises denrées. La fraude était grande et le gouverment de la Justice n’avait pas les ressources pour enquêter et donc, de punir. Lincoln fit voter une loi: la False Claim Act :

“Worse than traitors in arms are the men who pretend loyalty to the flag, feast and fatten on the misfortunes of the nation while patriotic blood is crimsoning the plains of the south and their countrymen are moldering in the dust.”

Cette loi  est toujours en vigueur aujourd’hui ( après plusieurs amendements) et assez populaire.

Une personne , ayant la connaissance et les preuves d’une fraude peut poursuivre au nom du gouvernement  les présumés fraudeurs:

The False Claims Act contains qui tam, or whistleblower, provisions. Qui tam is a unique mechanism in the law that allows citizens with evidence of fraud against government contracts and programs to sue, on behalf of the government, in order to recover the stolen funds. In compensation for the risk and effort of filing a qui tam case, the citizen whistleblower or “relator” may be awarded a portion of the funds recovered, typically between 15 and 25 percent.  A qui tam suit initially remains under seal for at least 60 days during which the Department of Justice can investigate and decide whether to join the action.

En réponse aux fraudes de plus en plus fréquentes et importantes , le gouvernement remet au lanceur d’alerte ( whistleblower) une récompense de 15% à 30% des sommes recouvrées selon les cas(  50% dans le temps de Lincoln) :

The 1986 amendments strengthened the False Claims Act’s qui tam provisions, creating incentives for private citizens with evidence of fraud to commit their time and resources to supplement the Government’s efforts. By doing so, Congress put into play a powerful public-private partnership for uncovering fraud against the federal fisc and obtaining the maximum recovery for American taxpayers.

Le but poursuivi est de changer la culture de la fraude pour une meilleure gouvernance. Les fraudes sous la loupe sont :

  • Billing for goods and services that were never delivered or rendered.
  • Billing for marketing, lobbying or other non-contract related corporate activities.
  • Submitting false service records or samples in order to show better-than-actual performance.
  • Presenting broken or untested equipment as operational and tested.
  • Performing inappropriate or unnecessary medical procedures in order to increase Medicare reimbursement.
  • Billing for work or tests not performed.
  • Billing for premium equipment but actually providing inferior equipment.
  • Automatically running a lab test whenever the results of some other test fall within a certain range, even though the second test was not specifically requested.
  • Defective testing – Certifying that something has passed a test, when in fact it has not.
  • “Lick and stick” prescription rebate fraud and “marketing the spread” prescription fraud, both of which involve lying to the government about the true wholesale price of prescription drugs.
  • Unbundling – Using multiple billing codes instead of one billing code for a drug panel test in order to increase remuneration.
  • Bundling — Billing more for a panel of tests when a single test was asked for.
  • Double billing – Charging more than once for the same goods or service.
  • Upcoding – Inflating bills by using diagnosis billing codes that suggest a more expensive illness or treatment.
  • Billing for brand — Billing for brand-named drugs when generic drugs are actually provided.
  • Phantom employees and doctored time slips: Charging for employees that were not actually on the job, or billing for made-up hours in order to maximize reimbursements.
  • Upcoding employee work: Billing at doctor rates for work that was actually conducted by a nurse or resident intern.
  • Yield burning — skimming off the profits from the sale of municipal bonds.
  • Falsifying natural resource production records — Pumping, mining or harvesting more natural resources from public lands that is actually reported to the government.
  • Being over-paid by the government for sale of a good or service, and then not reporting that overpayment.
  • Misrepresenting the value of imported goods or their country of origin for tariff purposes.
  • False certification that a contract falls within certain guidelines (i.e. the contractor is a minority or veteran).
  • Billing in order to increase revenue instead of billing to reflect actual work performed.
  • Failing to report known product defects in order to be able to continue to sell or bill the government for the product.
  • Billing for research that was never conducted; falsifying research data that was paid for by the U.S. government.
  • Winning a contract through kickbacks or bribes.
  • Prescribing a medicine or recommending a type of treatment or diagnosis regimen in order to win kickbacks from hospitals, labs or pharmaceutical companies.
  • Billing for unlicensed or unapproved drugs.
  • Forging physician signatures when such signatures are required for reimbursement from Medicare or Medicaid.

Source: www.taf.org.  ( taxpayers against fraud)

La liste est longue, ce n’est pas le choix qui manque. De 1986 à 2003 , le gouvernement a recouvré 12 milliards de dollars. Pour une liste des 100 meilleurs cas, voir à l’adresse suivante : www.corporatecrimereporter.com/fraudrep.pdf

Sur le même site de la TAF , il y a la liste des 100 cas les plus payants. Voici des exemples:

  • Pfizer:, 1 milliard
  • Tennet Healt Care: 900 millions
  • HCA Healtcare: 730 millions
  • Sereno (hormones) : 567 millions
  • TAP (pharmaceutics) : 559 millions
  • et la liste continue…

Je remarque que ce sont les cie pharmaceutiques  qui sont dans les premiers rangs… Il semble que cette  culture de la fraude  et de la corruption est bien présente dans ce milieu aux États-Unis. Est-ce seulement aux États-Unis que ça arrive?

Corruption et fraude: l’herbe est-elle plus verte ailleurs?

dreamstime_87015771Au Québec , les scandales de corruption et de fraude semblent se succéder. On retrouve dans les blogues des commentaires suivants.

“J’ai honte d’être québécois”

“on vit dans une république de banane”

“on a des politiciens corrompus qui favorisent leurs amis”

” on a les politiciens qui nous ressemblent”

  • “Montréal fait rire d’elle dans un article de la revue Macleans”.

Est-ce réellement pire ici qu’ailleurs?

À New York:

Dans un article du Devoir, Monique Deslauriers , politicologue a fait une recherche dans le cadre de sa maîtrise, sur la criminologie:

L’industrie de la construction américaine constitue un bon exemple du «système mafieux». En 1989, Ronald Goldstock, du New York State Organized Crime Task Force, présentait au gouverneur de l’État, Mario Cuomo, les conclusions de son enquête. Son rapport, intitulé Corruption and racketeering in the New York City construction industry, décrit une industrie de la construction gangrenée par la corruption et les cartels. Ses membres excluent tout «outsider» indésirable et la mafia sert de police au système illégal.

Les conséquences économiques et sociales de ce comportement délinquant sont très graves. Le prix de la construction new-yorkaise est plus élevé que partout aux États-Unis et l’industrie du ciment (entre les mains de la mafia) participe à la surenchère des coûts. Selon Goldstock, les distorsions sur les prix se font sentir jusque sur le marché manufacturier et locatif. La qualité de vie en souffre aussi, particulièrement au niveau des services publics et des infrastructures — métro, hôpitaux, bibliothèques, écoles, etc.

Algérie: le président a annoncé la création d’une commission d’enquête nationale contre la corruption:

De son côté, le premier ministre Ahmed Ouyahia, interrogé par les journalistes en marge de la cérémonie, a indiqué que « la lutte contre le fléau de la corruption nécessite, à chaque fois, des moyens supplémentaires qu’il s’agisse de moyens de police, ou d’un arsenal législatif adapté ». M. Ouyahia a rappelé que le président Bouteflika avait dans ce contexte donné instruction pour le recrutement de 470 élèves magistrats  durant l’actuel quinquennat « pour augmenter les capacités de la justice. »

Ces déclarations interviennent dans un contexte marqué par l’éclatement de plusieurs affaires de corruption, impliquant de hauts cadres de l’Etat. Ces affaires concernent notamment les secteurs des Travaux publics et de la Pêche

Source: Cahiers algériens

Au Sénégal:

L’affaire Alex Segura laissera à coup sûr une tache hideuse et quasi indélébile sur l’image de la République. La plus haute autorité du Sénégal n’est pas seulement mêlée à une affaire de corruption. Elle est aussi mêlée à l’organisation d’un mensonge d’Etat, d’une entreprise de désinformation et de manipulation pour enrober cet acte de corruption du manteau plus «acceptable» du cadeau, en espérant semer le doute et l’incertitude dans l’esprit des sénégalais.
Elle aurait pourtant pu, après l’éclatement de l’affaire, faire preuve de plus de  responsabilité et de hauteur pour, au moins, sauvegarder l’honorabilité de l’institution qu’elle incarne. Cet acte met l’Etat du Sénégal à genou -l’affaire a été relatée dans la presse d’une vingtaine de pays dans le monde-, détruit le peu de légitimité dont nos institutions bénéficiaient encore de la part d’une société qui leur tourne de plus en plus le dos et donne à notre jeunesse un contre-modèle dont nul ne peut mesurer l’impact sur la conscience de cette dernière.

Source: Le Quotidien

Belgique:

La justice de Louvain dispose d’indices selon lesquels les autorités ont payé jusqu’à trois fois trop pour la construction du centre fermé pour jeunes délinquants à Everberg. De plus, lors de la conclusion du contrat, portant sur plusieurs millions d’euros, 10% de dessous-de-table auraient aussi été versés, probablement à l’ancien directeur général de la Régie des bâtiments, qui dirigeait le projet en 2002. C’est ce qu’annonce mardi De Tijd.

Source: 7sur7 Belgique

Chine:

La Chine va lancer une campagne anti-corruption de deux ans dans le secteur de construction, dans lequel les pots de vin et les cas de corruption commerciale sont en nette augmentation.

Selon un document publié conjointement par le bureau général du Comité central du Parti communiste chinois (CCPCC) et le Conseil des Affaires d’Etat mercredi 16 août, les autorités ont fait part de leur résolution dans la lutte contre la corruption des fonctionnaires qui sont en charge des projets nationaux de construction en plein essor dernièrement.
“La corruption a été restreinte dans une certaine mesure avec l’économie de marché de plus en plus mature et la surveillance renforcée”, mentionne le document.
Mais les affaires de corruption se produisent continuellement dans certains secteurs car certains fonctionnaires abusent de leur pouvoir pour acquérir des gains personnels, et certains gouvernements locaux, gaspillent même l’argent du contribuable pour construire des bâtiments somptueux.

L’année dernière, 2 687 fonctionnaires chinois ont été reconnus coupables de corruption, de malversations et de la violation de droits de la personne. Les procureurs ont étudié 10 315 cas de corruption commerciale commis par des responsables gouvernementaux.

Source:  http://french.peopledaily.com.cn/Chine/6735573.html

Finlande:

Depuis septembre, les révélations se succèdent. Syndicats, entreprises publiques, associations subventionnées par l’Etat… Tous ont mis la main à la poche. Le modèle finlandais se fissure. Un sondage montre que la crédibilité des personnalités politiques a diminué de 60%. A gauche, l’opposition réclame de nouvelles élections. Le Premier ministre Matti Vanhanen (centre) s’y refuse, arguant qu’il ne peut pas être tenu seul responsable d’une pratique qui existe depuis des décennies. Ultime révélation : la chaîne publique Yle accuse le chef du gouvernement d’avoir obtenu gratuitement du matériel de construction pour sa maison, fourni par une entreprise proche d’une fondation qui a contribué au financement de sa campagne.

Source: Liberation.fr

Japon:

One of the most common forms of corruption in Japan is kickbacks for construction projects. This form of bribery is one reason why Japan has so many bridges and railway lines but less than half the population is hooked up to sewer lines.

About 90 percent of the road contracts in 2006 involved no bidding. Ex-bureaucrats working for agencies and foundations that won the contracts were involved in special deals and had been hired through the “decent from heaven” system of employing ex-bureaucrats. According to one tally nearly 60 percent of the 1,248 former bureaucrats involved in road work got jobs after they retired with one the top 10 corporate bodies that do road work.

The Osaka-based Kinki Regional Development Bureau, for example, was able to secure 3,820 public works projects worth ¥34.7 billion over five years with the help of 1000 retired officials from the Construction and Transport Ministry. Some of the projects cost more than their market value.

One investigation found that ¥69 million of tax funds earmarked for public works was instead spent on junkets for employees of foundations that do the public works projects.

Source: Facts and Details

Suède et Danemark:

Les 2 pays ayant l’indice de corruption les moins élevés selon Tranparency International.

L’herbe ne semble pas plus verte ailleurs…sauf en Suède et au Danemark.

Le journalisme d’enquête sur les corruptions et Fabrice de Pierrebourg

Comme je l’ai déjà écrit dans certains de mes articles sur la corruption, le journalisme d’enquête est un élément important dans la lutte contre la corruption. Ils dénoncent et alertent l’opinion du public.  Malheureusement, il semble que l’on ne puisse se fier aux élus pour lutter contre la corruption. Laxisme,  aveuglement volontaire, problème trop gros; la corruption semble bien installée. Normalement les élus devraient faire bon usage des taxes pour le bien-être de la collectivité, mais ce n’est pas le cas :  New-York a ses problèmes de corruption dans la construction, l’Italie, l’ Algérie , etc.

Fabrice Pierrebourg du journal Ruefrontenac.com ne semble pas chômer ces temps-ci. Il a été le premier à écrire et dénoncer  la corruption à Montréal dans les contrats de construction et maintenant ses yeux se braquent sur Laval.

Dans une démocratie, il faut que ce genre de  journalisme continue et soit encouragé. Un grand ménage est requis et le gouvernement doit le faire. La pression du public doit être constante et forte car il est facile d’oublier l’importance de la corruption si l’attention du public est distraite par d’autres nouvelles.

Corruption à Laval: http://ruefrontenac.com/nouvelles-generales/12919/12919

La complaisance de certains comptables

dreamstime_11447797Il est rare de voir une fraude sans qu’un comptable ou spécialiste de la comptabilité ne soit impliqué soit directement ou indirectement dans l’ arnaque. Il faut bien arrangerles livres,  recevoir des conseils, faire des faux, fermer les yeux…etc. Le comptable est payé par le client et il peut arriver une situation de conflit d’intérêts ou une situation pour laquelle  s’appliquerait un minimum d’éthique. Perdre un gros client peut faire très mal pour la survie du bureau et la rémunération de ce dernier. Dans le cas du comptable de Earl Jones, il a avoué s’être fait payer”cash” ou avec des chèques issus au nom de sa femme, sa mère, son père ou même directement dans son REER, pour ne pas déclarer ses revenus. Ce comptable a avoué avoir été payé environ 15 000$ par année pendant une dizaine d’années.

Pierre Courchesne était souvent rémunéré avec de l’argent comptant, mais aussi avec des chèques versés au nom de sa femme, de sa mère, de son père ou dans son REER. Les montants des chèques étaient variables, mais atteignaient souvent 1000$, 5000$ ou 10 000$, par exemple. La plupart du temps, ce procédé avait pour but d’éviter de l’impôt…

«Je fais du travail, on appelle ça du travail au noir, je ne veux pas déclarer le revenu, ça fait que je lui demande en cash (…)», a expliqué M. Courchesne, qui s’est dit nerveux durant l’interrogatoire.

Source: Cyberpresse, un article de Francis Vailles.

Des histoires comme ça, il y en a surement beaucoup.

Je connais des comptables qui reçoivent du “cash”.

Je connais aussi des travailleurs de la construction qui se font payer cash.

Quand je vais dans un resto et que l’on me dit ce que je dois sans me faire une facture ou le montant sur un bout de papier…

Il y a des entreprises et des commerces où je me demande comment font-ils pour arriver et je regarde le proprio avec la grosse voiture ou la grosse moto …

Je suis allée une fois dans une boutique de “designer”, tu paies comptant , tu as un rabais de 20% si tu paies par chèque ou avec une carte , c’est 20% de plus. J’ai demandé : c’est quoi le lien? Les frais administratifs ! Ah, bon…ça doit faire trop longtemps que j’ai terminé mon bac en comptabilité.

Quand du financement d’une entreprise vient d’une autre cie ( à numéro) et que cette dernière a eu l’argent d’un emprunt auprès d’une banque suisse, et que cette entreprise n’a aucune autre activité …

S’occuper d’un client  pour 15 000$ cash par année et risquer sa réputation, son titre professionnel, sa capacité de continuer à gagner sa vie dans ce domaine… Imaginez quand la rémunération est de 100 000$ par année et même de plusieurs millions comme dans les vérifications de cie publiques , est-ce tentant de fermer les yeux?

Corruption et fraude: dénoncer ou fermer les yeux?

dreamstime_3107704Face à la corruption et à la fraude, faut-il dénoncer ou se fermer les yeux?

Dans un article récemment paru, on demandait aux employés de la ville de Montréal de dénoncer les agissements frauduleux et de corruption en allant, en toute confidentialité, dénoncer ces agissements à la police. Il est certain que des employés, des retraités, des ex-employés, des consultants, des employés des cies de construction savent ce qui se passe et …ne disent rien. Des gens savent, c’est certain; il est impossible de faire des fraudes à grande échelle sans que personne ne soit au courant.

Pourquoi? Il peut très bien y avoir un climat de terreur bureaucratique, peur des représailles, peur de perdre on emploi…Cette peur   a très bien été identifiée par le juge Gomery lors de l’enquête sur les commandites. Les “whistleblowers”, délateurs, dénonciateurs, lanceurs d’alerte  sont-ils protégés?

Dans les programmes de prévention et de détection de la fraude dans les entreprises, on recommande de mettre sur pied des “hot line” de dénonciation, où un employé peut librement et confidentiellement l’ utiliser pour dénoncer ou indiquer des malversations. On s’est rendu compte que lorsque la ligne était maintenue par l’employeur, les employés ne l’utilisaient pas par crainte de non-confidentialité. Il y a donc, maintenant  des “hot line” indépendantes  , disponibles 24 heures par jour , accessibles en plusieurs langues. Par la suite, la plainte est dirigée à l’entreprise concernée et au bon département. Plus du tiers des fraudes découvertes proviennent de la dénonciation.

Le cas du journaliste Daniel Leblanc et de Ma Chouette

Le cas est entendu par la Cour Suprême. Une entreprise poursuivie par le gouvernement fédéral et qui a été éclabousée par le scandale des commandites veut forcer le journaliste Daniel Leblanc à donner le nom de sa source:

La Cour suprême entendait, mercredi, à Ottawa, une cause qui l’appelle à se prononcer sur la protection des sources journalistiques.

Il s’agit d’une requête du groupe Polygone, qui cherche à connaître l’identité d’un informateur surnommé Ma Chouette qui a permis au journaliste Daniel Leblanc, du Globe and Mail, d’obtenir de nombreuses informations en marge du scandale des commandites.

Le groupe Polygone est poursuivi pour 35 millions $ par le gouvernement fédéral à la suite de ce scandale.

Polygone demande aux tribunaux de forcer Daniel Leblanc à dévoiler l’identité de son informateur.

Il a toujours refusé, s’exposant à une condamnation pour outrage au tribunal et à une peine d’emprisonnement.

Les juges du plus haut tribunal ont notamment demandé des éclaircissements sur la nature de la protection qui devrait être accordée aux sources journalistiques, s’interrogeant sur le bien-fondé d’une protection absolue.

Les avocats au dossier ont convenu de la nécessité de pondérer une telle protection des sources.

Source: LCN -Canoé et La Presse canadienne

Si vous aviez connaissance de cette fraude , est-ce que vous iriez dénoncer les agissements de certaines personnes à la police en toute confidentialité?

La corruption au Québec

dreamstime_35305631Présentement tous les journeaux, les radios et télés ne parlent que de la corruption au sein du pouvoir décisionnel à Montréal et même au niveau provincial. Les allégations contre le pouvoir politique se mettent à pleuvoir. C’est même l’escalade. Décourageant et en même temps risible. On commence à parler tout haut de ce que tout le monde savait ou avait la conviction.

Espérons que d’autres personnes que M. Labonté se décident de dénoncer publiquement les abus des politiciens, et de leur laxisme face à la corruption.

Je pense à certaines études  ou personnes publiques qui viennent dire que nous, les québécois, ne sommes pas productifs …etc. Un  peu normal quand les coûts de construction et des infrastructures sont supérieurs de 35% au Québec à cause de la collusion et de la mafia dans le secteur de la construction. Un des effets important de la corruption est la baisse de productivité et d’efficacité sans parler de la baisse de confiance du public, des investissements, des initiatives d’innovation. L’ organisation corrompue va corrompre tous ses employés et les  nouveaux employés devront embarquer dans le bateau.Les candidats de qualité qui agissent avec éthique vont aller voir…ailleurs.

Je pense aussi à des commentateurs radios, journalistes qui viennent dire ” ne baissez pas les impôts”, laissez la TPS à 7%, en un mot, gardez cet argent pour des fins sociales, l’éducation, la santé…etc., sauf que l’ argent semble aller à la mafia.

L’ampleur du problème est grand et une culture de corruption existe au sein de certaines municipalités. Est-ce la pointe de l’iceberg? Une commission d’enquête est requise. La lutte contre la corruption demande :

  • l’accès aux informations
  • la transparence dans l’administration
  • élaboration des bonnes  pratiques de gouvernance
  • système de surveillance et d’alerte
  • la volonté de faire cette lutte.

Fraudes, poursuites et l’industrie pharmaceutique

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Doit-on avoir confiance dans l’industrie pharmaceutique et ses représentants et de leurs  firmes de lobbying? Le cartel de l’industrie phamaceutique représente environ une quinzaine de firmes qui existent depuis 1920.

Je suis de la génération où dans les salles de classe il y avait une enfant victimed e la thalidomide. C’était un médicament prescrit aux femmes enceintes contre les nausées. Résultat: déformations des mains et/ou des pieds( et autres défauts congénitaux) chez certains enfants. Le médicament affecterait l’ADN chez les enfants et il n’est pas certain si les descendants seraient affectés ou non. Il y a un site internet pour les victimes canadiennes de la thalidomide à l’adresse suivante: www.thalidomide.ca .

Dans les journeaux , on lit souvent que les résultats des recherche  publiés dans les revues scientifiques  sont , dans une forte proportion, financés par l’industrie pharmaceutique  en plus d’être biaisées:

A recent move by a major medical journal could provide more timely disclosure of alleged undisclosed conflicts of interests between researchers and pharmaceutical companies. The Wall Street Journal reported July 7, 2009, that the Journal of the American Medical Association (JAMA) has softened its policy demanding that anyone filing a complaint about unreported conflicts of interest must not reveal the information to third parties or the media while the investigation is underway. In an editorial published early in July in JAMA, editors modified the policy so that it does not explicitly require silence during the investigation, according to the Wall Street Journal.

JAMA has been criticized “for taking five months to acknowledge that a study it published last year on the use of antidepressants in stroke patients was written by a University of Iowa psychiatrist who failed to disclose he had a financial relationship with the maker of the drug studied,” according to the article.

Source:http://pharmaceutical-kickbacks.com/

Le dernier exemple est celui du Dr. Reuben , un anesthésiste accusé de fraude majeure aux États-Unis:

Les premiers éléments du dossier ont été révélés ces derniers jours dans les colonnes d’Anesthesiology News, la revue du groupement professionnel américain d’anesthésiologie. A dire le vrai l’abcès commençait à grossir depuis près un an. On vient de commencer à l’inciser mais il est encore loin d’être vidé. Au centre de la scène, donc : le Dr Scott S. Reuben, collaborateur du célèbre Baystate Medical Center de Springfield (Massachusetts). Cet anesthésiste est désormais  publiquement accusé de s’être rendu coupable de fraudes majeures.

Ces fraudes auraient été commises dans le domaine des essais menés sur des malades et qui conditionnent pour une part les autorisations de mise sur le marché des spécialités pharmaceutiques. En congé maladie depuis des mois, aujourd’hui injoignable, le Dr Reuben, dit-on, reconnaît les faits qui lui sont  reprochés ; des faits pour lesquels il pourrait, curieusement, ne jamais être poursuivi.

Source: www.Slate.fr

Selon Tranparency international dans son rapport de 2006, sur la corruption et la santé, le secteur pharmaceutique est exposé à la corruption ( le rapport compte environ 400 pages) :

Une des plus importante est le degré d’implication du gouvernement dans sa réglementation : des études d’autres secteurs ont indiqué que l’incidence de la corruption est sensiblement plus forte lorsque l’État garde une mainmise sur l’économie et une bureaucratie envahissante.   En l’absence de contrôles institutionnels stricts, les régulateurs de l’État peuvent prendre des décisions discrétionnaires plutôt que des décisions basées sur des critères uniformes. En outre, il existe de fortes asymétries d’information entre les malades et les médecins (voir chapitre 1). Les malades font confiance à leurs médecins pour leur prescrire les médicaments les plus efficaces pour leur cas, mais la décision des docteurs quant au médicament à prescrire peut être influencée par la pression des entreprises pharmaceutiques. Les systèmes de contrôle de qualité disposent souvent de manuels de procédures insuffisants qui peuvent entraîner la fabrication de médicaments de qualité inférieure.

Rajoutons quelques petites statistiques de l’effort de marketing de cette industrie aux États-Unis, selon la même source ( page 106) :

Au cours des dernières années aux États-Unis, les industries pharmaceutiques, de fabrication de matériel médical et de biotechnologie ont déboursé chaque année la rondelette somme de 16 milliards de dollars américains dans leur marketing aux médecins , avec plus de 2 milliards de dollars américains dépensés uniquement pour payer des repas, financer des réunions et des manifestations3. Les industries ont versé entre 1000 et 5000 dollars américains (et plus) aux médecins sous forme d’honoraires pour tenter de les convaincre de faire partie de leurs bureaux de conférenciers et pour les engager comme consultants bien rémunérés et membres de leur conseil consultatif. Par ailleurs, elles inondent les médecins de publicité journalistique, de quelques 90 000 aimables délégués médicaux. Elles paient les universitaires afin que ceux-ci les aident à élaborer du matériel éducatif et se lient d’amitié avec des étudiants en médecine en leur offrant des cadeaux tels que des livres, des stéthoscopes ainsi que des déjeuners et des dîners gratuits. De tels dons peuvent amener certains médecins à agir dans leur propre intérêt, et non dans celui de leurs patients. La marge entre des subsides tout à fait légaux entrant dans la politique de marketing d’une industrie pharmaceutique et des pratiques illégales est parfois très mince.

J’aimerais bien trouver une étude sérieuse sur l’augmentation des prix des médicaments. Surtout après la publication d’une hausse de 800% du prix du prémarin ( hormone pour les femmes ménopausées).  Il doit y avoir d’ autres médicaments dont le prix a subi  “une forte inflation ” . L e taux de rendement après impôts sur le capital investi varie entre 20% et 44% tandis que le rendement sur l’avoir des actionnaires atteint 70% dans certains cas selon l’étude de Léo-Paul Lauzon ( Analyse socio-économique: industrie pharmaceutique mondiale pour la période de dix ans 1996-2005, Montréal, Chaire d’études socio-économiques de l’UQAM, 2006, http://www.cese.uqam.ca/pdf/rec_06_industrie_pharma.pdf) .

Pfizer paiera une amende record aux USA de 2,3 milliards de dollars pour pratiques commerciales frauduleuses. Une amende de  22 millions pour la compagnie BIOVAIL . Tout  ça nous rappelle le scandale de l’anti-inflammatoire  Vioxx avec ses 4, 8 millards de dollars .

Les médicaments sont nécessaires, car la maladie existe. Cependant, la crédibilité de l’industrie pharmaceutique est rudement mise en doute, ce qui peut expliquer la controverse actuelle sur la vaccination contre la grippe AH1N1. Il est fort possible que le risque d’une pandémie soit très grand et qu’une vaccination massive s’impose pour protéger la population, mais la réputation de cette industrie, les poursuites, les conflits d’intérêts avec les agences  et  le corps médical font  qu’une partie de la population n’a tout simplement pas confiance. Il existe un climat de méfiance avec une multitude d’informations contradictoires que le consommateur  ne sait plus qui croire. Une des conséquences de la corruption est la perte de crédibilité d’une industrie. Ce ne sont pas toutes les entreprises pharmaceutiques qui magouillent, mais comment différencier le vrai du faux?

La corruption et le secteur privé -Partie 2 – Les solutions

transpint0021Les principes et les éléments préconisés par TI  sont les suivants:

Pour faire des affaires honnêtes ça prend des partenaires commerciaux honnêtes. Un devoir de précaution doit exister pour vérifier l’intégrité des partenaires . La concurrence doit être équitable entre les compétiteurs  pour qu’il y ait la confiance du public et des parties en cause. Il faut que les entreprises aient un comportement citoyen .L’entreprise doit adhérer à des normes liées à l’intégrité (ISo9000 , 14000 et 26 000 , UNGC, Gri G3 …etc) . La norme ISO 26000 est la norme liée à la responsabilité sociale de l’entreprise. Il faut favoriser l’adoption de ces normes et donner des incitatifs fiscaux pour les coûts liés à la certification.

Codes de conduite, transparence, publication, processus d’alertes par les employés de façon anonyme, ligne téléphonique de dénonciation garantissant l’anonymat et la protection du donneur d’alerte. La première façon dont les fraudes sont détectées sont par les donneurs d’alerte (whistleblower).

Les banquiers, les investisseurs et les donneurs de contrats pourraient exiger l’adhérence à des normes “éthiques” avant de faire affaire avec ces entreprises.

Du coté du gouvernement, il doit y avoir un changement dans la législation. Des lois plus dures avec des amendes importantes, exclusion de l’entreprise coupable de corruption pour  l’obtention de contrats gouvernementaux, etc. Je rajouterais pour l’entreprise et des principaux actionnaires-directeurs et ce, à vie et que les actionnaires actifs soient responsables personnellement des gestes de la corporation. Une levée du voile corporatif dans des situations précises.

Présentement, les mécanismes traditionnels de poursuite au pénal et au civile ne sont pas performants. La durée est longue et les coûts importants pour les parties qui voudraient poursuivre. Il faut développer un autre modèle plus performant pour la criminalité économique.

Repenser le rôle des comptables ou auditeurs ou développer un rapport correspondant aux objectifs d’anti corruption. S’ attaquer aux conflits d’intérêts des comptables et des auditeurs envers leurs clients.

Le journalisme d’enquête ou économique sont importants ainsi que le rôle des consommateurs:

Enquêter sur la corruption est difficile. Les procureurs, tout comme les journalistes, éprouvent des difficultés dans ce domaine, les personnes corrompues se donnant beaucoup de mal pour cacher leurs méfaits. Le nombre de paradis fiscaux et de sociétés-écrans qu’elles peuvent exploiter pour dissimuler leur butin est infini. Les journalistes peuvent toutefois mettre à jour la corruption et le font, ce qui constitue souvent la première étape vers un procès. Les plus grands alliés des journalistes sont les dénonciateurs : les vrais héros et héroïnes du journalisme, ce sont souvent eux. Ils ont le courage de divulguer des informations essentielles,mettant souvent leur emploi, quand ce n’est pas leur vie, en danger.  Ce qu’ils peuvent r pporter aux journalistes est inestimable, toutefois, et leurs histoires révèlent certains des cas de corruption les plus graves. Les dénonciateurs savent ce qui est réellement en train de se passer, parce qu’ils sont à l’intérieur du système et qu’ils sont placés aux premières loges pour observer les méfaits. Ce sont eux qui ont les informations cruciales permettant d’anéantir les dénégations faites publiquement par les personnes corrompues. Ils peuvent  indiquer avec précision qui a reçu des paiements illicites, quels montants ont été versés et par quelle voie.

La corruption et le secteur privé -Partie 1

Scandales financiers, fraudes à l’encontre des investisseurs, pots-de-vin, processus de soumissions faussés , délits d’initiés, mensonges,  conflits d’intérêt, coûts de la construction de 10 à 20% plus élevé au Québec qu’ailleurs, prix plus élevé au Québec, prix moins cher aux USA de 20 à 30% qu’ici même en tenant compte du taux de change et de frais de livraison ( lors de la hasse du dollar canadien), collusion de certains propriétaires de stations d’essence pour maintenir un prix élevé, commissions d’enquête…La magouille dans le secteur de la construction, est-ce une nouveauté? Il y en a eu dans le temps de l’Expo,lors de la construction du stade et même avant.  Rien de nouveau au niveau de la collusion avec des fonctionnaires .La croissance rapide et vertigineuse de la rémunération des dirigeants,des analystes financiers  et des  courtiers sont des éléments renforçant la corruption.

La corruption est en hausse, de plus en plus et pour plusieurs , la corruption est devenue la norme. Selon le rapport  2009 de Tranparency International ( 362 pages):

…on relève d’importantes lacunes structurelles dans les systèmes d’intégrité des entreprises, comme les conflits d’intérêt affectant les responsables des principaux dispositifs de contrôle ; une insuffisance en termes de transparence et de responsabilité de la part des principaux marchés, acteurs du marché et mécanismes de surveillance ; et de graves manquements de la part des entreprises en matière de contrôle préalable, de gouvernance et d’intégrité.

Dans le rapport de 2009 de TI sur  le niveau de corruption des entreprises privées, on  identifie les lacunes suivantes:

  • une faiblesse des structures de contrôle ( exemple, le scandale Madoff et Lacroix au Québec;
  • conflits d’intérêts au niveau des contrôleurs financiers et bureaux de vérificateurs comptables, agences de notation;
  • la rémunération des dirigeants de grandes entreprises qui est  fonction de résultats à court terme au lieu de favoriser le long terme ( je rajouterais l’anonymat du titre de propriété des entreprises et la séparation de la propriété et de la gestion de l’entreprise);
  • Entreprises internationales qui exploitent le système bancaire , les paradis fiscaux, exploitation de la faiblesse des règlementations;
  • Évasion fiscale;
  • Échec des organismes publics de règlementation;
  • Corruption politique;
  • Augmentation de l’influence des lobbyistes et du nombre de lobbyistes;
  • Stratégies pour influencer les médias et les gens , création de faux groupes de citpoyens ( astroturf).

Tous ces éléments amènent dans une organisation, un climat où la corruption est la norme. Quand la haute direction est corrompue, les employés aux échelons inférieurs ne voient aucun intérêt à être honnête et cela encourage à être malhonnête ( “si eux le font, pourquoi pas moi aussi? ” )  ou bien, les personnes honnêtes quittent l’organisation. L’organisation devient de plus en plus corrompue et les gens à l’intérieur aussi ( à moins de délation). Les gens perdent confiance dans le système, dans le pouvoir politique , dans les organismes de règlementation. Les PME et les contribuables sont pris en otage et se sentent impuissants. Tous semblent au courant de la corruption, les journeaux regorgent d’articles sur les fraudes, la corruption et le dernier scandale de la semaine. Il semble que les autorités, le pouvoir gouvernemental soient incapables d’agir.

Est-il possible pour un maire, un député, un ministre de mettre fin à toute la corruption dans le milieu de la construction?  Est-il possible d’avoir un système financier “propre” où les gens ne perdront pas les économies d’une vie à cause de personnes malhonnêtes ? Les politiciens ont-ils du pouvoir sur ces questions?  Est-ce au delà de leurs compétences?


Pour arriver à combattre la corruption, 4 éléments ont été identifiés par Transparency International.

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Il faut consolider l’intégrité de l’entreprise  de l’intérieur par des codes de conduite, codes d’éthique, par l’auto-divulgation , par la publication régulière d’information.  La règlementation publique ( lois, sanctions)  , les systèmes de surveillance de conformité ( la vérification comptable et autre genre de vérification de conformité) et le contrôle provenant du publique ( consommateurs, journalisme) viennent rendre plus efficace la volonté d’intégrité de l’entreprise et de ses dirigeants.

…à suivre

Psychopathologie d’un crime financier

dreamstime_109088321Une équipe de chercheurs canadiens ont examiné la psychopathologie d’un crime financier ou comment  un leader d’une organisation devient un criminel financier et influence le comportement des autres employés. Douze étapes ont été identifiées lorsque des individus honnêtes se retrouvent impliqués dans un crime financier ou dans des comportements allant à l’encontre de l’éthique.Les étapes sont les suivantes:

These first four steps are: The perpetrator is hired into a position of power. Second step, personality and life circumstances affect the perpetrator in such a way that they recognise their power. In the third step “drivers” who turn a blind eye or condone certain activities come into view. The fourth step sees passive participants recognizing an opportunity.

In steps 5 to 8 the truth of escalating illegal activity is hidden.

In step 5 reluctant participants are drawn into the web of deceit by the “leader”. In step 6 distrust of the other people involved emerges. In step 7, the perpetrator recognizes they have their accomplices in a vulnerable position and begin to exploit that position. In step 8 bullying tactics become increasingly common as illegal goals are aimed for.

In steps 9 through 12 the perpetrator’s actions are challenged and publicised revealing the white-collar crime.

In step 9, the crime continues, but the perpetrators, trapped in their insatiable addiction, become more blaze, taking bigger risks, and seeking more lucrative exploits.

In step 10, an undeniable paradox becomes apparent, as the participants’ values and their behavior are now obviously in conflict.

In step 11, a whistleblower steps up to the mark and the leader loses control.

Finally in step 12, blame is laid at the feet of the perpetrator at which point they either deny everything or admit their guilt and seek forgiveness by laying bare their activities.”

Source: The 12-step path to white-collar crime

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