Juricomptabilité et évaluation d'entreprise

Climat organisationnel

Rapport du Médac: Pour une rémunération juste et raisonnable des dirigeants

Le Médac ( mouvement d’éducation et de défense des actionnaires” vient de publier un document intitulé:Plaidoyer pour un ratio d’équité interne juste et raisonnable:

Ce document vise principalement deux objectifs :
• d’analyser l’évolution de la rémunération des plus hauts dirigeants des sept banques canadiennes en relation avec la rémunération moyenne des employés en regard de deux années de référence : 1999 et 2009;
• de proposer des pistes de réflexion afin que les futures structures de rémunération favorisent un meilleur ratio d’équité interne tout en reconnaissant la performance de ses dirigeants, encourageant une prise de décision à long terme et évitant la prise de risque excessive.

On y retrouve des données sur la rémunération des dirigeants, la progression dans le temps et une analyse par ratios.

Un document réalisé par Louise Champoux-Paillé.

À lire.

Lu: Black Markets and Business Blues: The Man Made crisis of 2007-2009 and the road to a new capitalism.

Le scandale de Goldman Sach fait ressortir l’implication de certains financiers et “traders” dans la crise économique. Yvan Allaire et Mihaela Firsirotu, professeurs en management et en stratégie  ont publié en 2009 un livre expliquant les facteurs qui ont contribué à  la crise économique de 2007-2009.

Les auteurs expliquent , ce qui prévalait comme théorie de la firme et de la gouvernance des entreprises dans les années 1980.  Le changement avec les politiques de dérèglementation de Reagan et Tatcher  qui a amené le rôle prépondérant des financiers et de la spéculation ( avec la maximisation de la valeur des actions)  , la rémunération avec des options d’achat d’actions …tous les facteurs  qui ont été la cause de la crise du capitalisme via des financiers qui sont des mercenaires, n’ayant qu’un intérêt, leurs poches, et à très court terme. C’est dans la même veine que les écrits de Mintzberg dont j’ai déjà parlé dans un blogue précédent.

Un excellent livre, facile à lire, qui explique tout.

Il y a sur Youtube, une entrevue de Gérard Filion:

YouTube Preview Image

Rémunération des dirigeants: de la séparation du pouvoir décisionnel et de la propriété

Avec tous les scandales de la dernière décennie ( Madoff, Earl Jones, Enron, Lacroix…etc.) on peut se poser la question si ce n’est tout simplement pas une conséquence de la séparation de la direction et du pouvoir décisionnel avec la propriété de l’entreprise. Une majorité d’actionnaires ( en nombre d’individus ) détenant des actions n’ont pas de pouvoir réel dans la conduite des affaires d’une entreprise. L’entreprise est gérée par des gestionnaires de carrière et ces derniers , sont rémunérés en fonction des résultats à court terme ; un salaire de base, un boni, et des options pour acheter des actions à un prix fixe.

Henry Mintzberg , dans un article , How Productivity Killed American Entreprise, mentionne que la vue à court terme des dirigeants pour hausser la cote à la bourse des actions:

Legal Corruption But how exactly? How did these heroic leaders manage to push up those share prices so quickly? Some, as we know, simply cheated, cooking the books to make things look good. But this was the tip of the iceberg, the illegal corruption that, once revealed, could be dealt with in courts of law. Far more pervasive, and insidious, was the legal corruption underneath, which amounted to cashing in the “goodwill” that many corporations had nurtured so carefully over so many years.Accountants had trouble measuring that, so it did not count. But they could certainly measure short-term profits, much as the economists could measure productivity. So the CEOs managed this narrow kind of performance very carefully, often more carefully than they managed the business itself. The object was to con the financial analysts, or at least those people convinced by these analysts to buy the stock. So all kinds of employees were distracted making useless plans to impress outside investors.

Récemment, un article du président d’Audit Integrity,  fait la mention  de statistiques troublantes et qui devraient nous faire réfléchir. La compensation moyenne d’un exécutif des 500 entreprises du S&P était de 1,5 million en 2000 et de 3,7 millions en 2008.   On pourrait penser que cette hausse de rémunération est causée par un rendement exceptionnel des entreprises, cependant depuis 1999, la hausse du rendement des actions a été de 6,4%.  En 2008, les versements de ces mêmes corporations dans un fonds de pension ont été de 39,5 milliards contre 44,5 milliards de dollars donnés en options d’achat d’actions à la direction.

Des entreprises avec une forte rémunération des dirigeants amènent la manipulation des données pour montrer une rentabilité à court terme ou des prises de décision favorisant le bénéfice à court terme au lieu du long terme:

There is no evidence that increased compensation has a positive impact on corporate results. In fact, Audit Integrity’s studies over the last decade-plus have shown quite the opposite, particularly in regard to excessive incentive compensation. Incentive compensation as a percent of total compensation for CEOs and CFOs is a significant measure in determining the probability of a company’s poor future performance.
Companies with abnormally high incentive compensation often end up as poor performers because management manipulates short-term returns to the detriment of the companies’ long-term interest. This observation is not new. In a rallying cry for a return to shareholder capitalism, in which a company’s decisions are made by the owners, rather than “managerial capitalism,” Martin Hutchinson quotes none other
than Adam Smith on conflict of interest: “Economic theory is pretty clear on the advantages of shareholder capitalism, in which there is no separation between the ownership of businesses and its decision-making. The benefits of the price mechanism, in which
economic actors compete with each other for advantage, have been with us since Adam Smith famously wrote, ‘It is not from the benevolence of the butcher, the brewer, or the baker that we expect our dinner, but from their regard to  their own self-interest. We address ourselves, not to their humanity but to their self-love, and never talk to them of our own necessities but of their advantages.’ Thus selfish people acting in their own interest and controlling their own capital produce benefits for society as a whole. “However, Smith recognized that when managers were separated from capital, a very different picture emerged. ‘The directors of such companies … being the managers of other people’s money than their own, it cannot well be expected that they should watch over it with the same anxious vigilance … Negligence and profusion must always
prevail, more or less, in the management of such a company’.’”1[4]

Mintzberg a publié , en novembre 2009 , dans le Wall Street Journal, un article sur les bonis de la direction. sa conclusion:

So, again, there is but one solution: Eliminate bonuses. Period. Pay people, including the CEO, fairly. As an executive, if you want a bonus, buy the stock, like everyone else. Bet on your company for real, personally.Actually, bonuses can serve one purpose. It has been claimed that if you don’t pay them, you don’t get the right person in the CEO chair. I believe that if you do pay bonuses, you get the wrong person in that chair. At the worst, you get a self-centered narcissist. At the best, you get someone who is willing to be singled out from everyone else by virtue of the compensation plan. Is this any way to build community within an enterprise, even to foster the very sense of enterprise that is so fundamental to economic strength?

Accordingly, executive bonuses provide the perfect tool to screen candidates for the CEO job. Anyone who insists on them should be dismissed out of hand, because he or she has demonstrated an absence of the leadership attitude required for a sustainable enterprise.

Of course, this might thin the roster of candidates. Good. Most need to be thinned, in order to be refilled with people who don’t allow their own needs to take precedence over those of the community they wish to lead.

Pour Mintzberg, la solution est très simple et facile d’application. Par contre on n’entend pas ce genre de discours à la radio et à la télé. Si on écoute le matin la radio, les émissions à forte cote d’écoute, il y a toujours  un expert qui parle des cotes à la bouse, de l’indice des marchés, du comportement de la bourse asiatique. La bourse va bien par rapport à hier  , donc  l’économie va bien. Cela véhicule, selon moi, l’engouement de l’aspect court terme du rendement, rien à voir avec l’investissement durable, la création d’emploi, la création de richesse.

Corruption et fraude: dénoncer ou fermer les yeux?

dreamstime_3107704Face à la corruption et à la fraude, faut-il dénoncer ou se fermer les yeux?

Dans un article récemment paru, on demandait aux employés de la ville de Montréal de dénoncer les agissements frauduleux et de corruption en allant, en toute confidentialité, dénoncer ces agissements à la police. Il est certain que des employés, des retraités, des ex-employés, des consultants, des employés des cies de construction savent ce qui se passe et …ne disent rien. Des gens savent, c’est certain; il est impossible de faire des fraudes à grande échelle sans que personne ne soit au courant.

Pourquoi? Il peut très bien y avoir un climat de terreur bureaucratique, peur des représailles, peur de perdre on emploi…Cette peur   a très bien été identifiée par le juge Gomery lors de l’enquête sur les commandites. Les “whistleblowers”, délateurs, dénonciateurs, lanceurs d’alerte  sont-ils protégés?

Dans les programmes de prévention et de détection de la fraude dans les entreprises, on recommande de mettre sur pied des “hot line” de dénonciation, où un employé peut librement et confidentiellement l’ utiliser pour dénoncer ou indiquer des malversations. On s’est rendu compte que lorsque la ligne était maintenue par l’employeur, les employés ne l’utilisaient pas par crainte de non-confidentialité. Il y a donc, maintenant  des “hot line” indépendantes  , disponibles 24 heures par jour , accessibles en plusieurs langues. Par la suite, la plainte est dirigée à l’entreprise concernée et au bon département. Plus du tiers des fraudes découvertes proviennent de la dénonciation.

Le cas du journaliste Daniel Leblanc et de Ma Chouette

Le cas est entendu par la Cour Suprême. Une entreprise poursuivie par le gouvernement fédéral et qui a été éclabousée par le scandale des commandites veut forcer le journaliste Daniel Leblanc à donner le nom de sa source:

La Cour suprême entendait, mercredi, à Ottawa, une cause qui l’appelle à se prononcer sur la protection des sources journalistiques.

Il s’agit d’une requête du groupe Polygone, qui cherche à connaître l’identité d’un informateur surnommé Ma Chouette qui a permis au journaliste Daniel Leblanc, du Globe and Mail, d’obtenir de nombreuses informations en marge du scandale des commandites.

Le groupe Polygone est poursuivi pour 35 millions $ par le gouvernement fédéral à la suite de ce scandale.

Polygone demande aux tribunaux de forcer Daniel Leblanc à dévoiler l’identité de son informateur.

Il a toujours refusé, s’exposant à une condamnation pour outrage au tribunal et à une peine d’emprisonnement.

Les juges du plus haut tribunal ont notamment demandé des éclaircissements sur la nature de la protection qui devrait être accordée aux sources journalistiques, s’interrogeant sur le bien-fondé d’une protection absolue.

Les avocats au dossier ont convenu de la nécessité de pondérer une telle protection des sources.

Source: LCN -Canoé et La Presse canadienne

Si vous aviez connaissance de cette fraude , est-ce que vous iriez dénoncer les agissements de certaines personnes à la police en toute confidentialité?

La corruption au Québec

dreamstime_35305631Présentement tous les journeaux, les radios et télés ne parlent que de la corruption au sein du pouvoir décisionnel à Montréal et même au niveau provincial. Les allégations contre le pouvoir politique se mettent à pleuvoir. C’est même l’escalade. Décourageant et en même temps risible. On commence à parler tout haut de ce que tout le monde savait ou avait la conviction.

Espérons que d’autres personnes que M. Labonté se décident de dénoncer publiquement les abus des politiciens, et de leur laxisme face à la corruption.

Je pense à certaines études  ou personnes publiques qui viennent dire que nous, les québécois, ne sommes pas productifs …etc. Un  peu normal quand les coûts de construction et des infrastructures sont supérieurs de 35% au Québec à cause de la collusion et de la mafia dans le secteur de la construction. Un des effets important de la corruption est la baisse de productivité et d’efficacité sans parler de la baisse de confiance du public, des investissements, des initiatives d’innovation. L’ organisation corrompue va corrompre tous ses employés et les  nouveaux employés devront embarquer dans le bateau.Les candidats de qualité qui agissent avec éthique vont aller voir…ailleurs.

Je pense aussi à des commentateurs radios, journalistes qui viennent dire ” ne baissez pas les impôts”, laissez la TPS à 7%, en un mot, gardez cet argent pour des fins sociales, l’éducation, la santé…etc., sauf que l’ argent semble aller à la mafia.

L’ampleur du problème est grand et une culture de corruption existe au sein de certaines municipalités. Est-ce la pointe de l’iceberg? Une commission d’enquête est requise. La lutte contre la corruption demande :

  • l’accès aux informations
  • la transparence dans l’administration
  • élaboration des bonnes  pratiques de gouvernance
  • système de surveillance et d’alerte
  • la volonté de faire cette lutte.

La corruption et le secteur privé -Partie 1

Scandales financiers, fraudes à l’encontre des investisseurs, pots-de-vin, processus de soumissions faussés , délits d’initiés, mensonges,  conflits d’intérêt, coûts de la construction de 10 à 20% plus élevé au Québec qu’ailleurs, prix plus élevé au Québec, prix moins cher aux USA de 20 à 30% qu’ici même en tenant compte du taux de change et de frais de livraison ( lors de la hasse du dollar canadien), collusion de certains propriétaires de stations d’essence pour maintenir un prix élevé, commissions d’enquête…La magouille dans le secteur de la construction, est-ce une nouveauté? Il y en a eu dans le temps de l’Expo,lors de la construction du stade et même avant.  Rien de nouveau au niveau de la collusion avec des fonctionnaires .La croissance rapide et vertigineuse de la rémunération des dirigeants,des analystes financiers  et des  courtiers sont des éléments renforçant la corruption.

La corruption est en hausse, de plus en plus et pour plusieurs , la corruption est devenue la norme. Selon le rapport  2009 de Tranparency International ( 362 pages):

…on relève d’importantes lacunes structurelles dans les systèmes d’intégrité des entreprises, comme les conflits d’intérêt affectant les responsables des principaux dispositifs de contrôle ; une insuffisance en termes de transparence et de responsabilité de la part des principaux marchés, acteurs du marché et mécanismes de surveillance ; et de graves manquements de la part des entreprises en matière de contrôle préalable, de gouvernance et d’intégrité.

Dans le rapport de 2009 de TI sur  le niveau de corruption des entreprises privées, on  identifie les lacunes suivantes:

  • une faiblesse des structures de contrôle ( exemple, le scandale Madoff et Lacroix au Québec;
  • conflits d’intérêts au niveau des contrôleurs financiers et bureaux de vérificateurs comptables, agences de notation;
  • la rémunération des dirigeants de grandes entreprises qui est  fonction de résultats à court terme au lieu de favoriser le long terme ( je rajouterais l’anonymat du titre de propriété des entreprises et la séparation de la propriété et de la gestion de l’entreprise);
  • Entreprises internationales qui exploitent le système bancaire , les paradis fiscaux, exploitation de la faiblesse des règlementations;
  • Évasion fiscale;
  • Échec des organismes publics de règlementation;
  • Corruption politique;
  • Augmentation de l’influence des lobbyistes et du nombre de lobbyistes;
  • Stratégies pour influencer les médias et les gens , création de faux groupes de citpoyens ( astroturf).

Tous ces éléments amènent dans une organisation, un climat où la corruption est la norme. Quand la haute direction est corrompue, les employés aux échelons inférieurs ne voient aucun intérêt à être honnête et cela encourage à être malhonnête ( “si eux le font, pourquoi pas moi aussi? ” )  ou bien, les personnes honnêtes quittent l’organisation. L’organisation devient de plus en plus corrompue et les gens à l’intérieur aussi ( à moins de délation). Les gens perdent confiance dans le système, dans le pouvoir politique , dans les organismes de règlementation. Les PME et les contribuables sont pris en otage et se sentent impuissants. Tous semblent au courant de la corruption, les journeaux regorgent d’articles sur les fraudes, la corruption et le dernier scandale de la semaine. Il semble que les autorités, le pouvoir gouvernemental soient incapables d’agir.

Est-il possible pour un maire, un député, un ministre de mettre fin à toute la corruption dans le milieu de la construction?  Est-il possible d’avoir un système financier “propre” où les gens ne perdront pas les économies d’une vie à cause de personnes malhonnêtes ? Les politiciens ont-ils du pouvoir sur ces questions?  Est-ce au delà de leurs compétences?


Pour arriver à combattre la corruption, 4 éléments ont été identifiés par Transparency International.

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Il faut consolider l’intégrité de l’entreprise  de l’intérieur par des codes de conduite, codes d’éthique, par l’auto-divulgation , par la publication régulière d’information.  La règlementation publique ( lois, sanctions)  , les systèmes de surveillance de conformité ( la vérification comptable et autre genre de vérification de conformité) et le contrôle provenant du publique ( consommateurs, journalisme) viennent rendre plus efficace la volonté d’intégrité de l’entreprise et de ses dirigeants.

…à suivre

Psychopathologie d’un crime financier

dreamstime_109088321Une équipe de chercheurs canadiens ont examiné la psychopathologie d’un crime financier ou comment  un leader d’une organisation devient un criminel financier et influence le comportement des autres employés. Douze étapes ont été identifiées lorsque des individus honnêtes se retrouvent impliqués dans un crime financier ou dans des comportements allant à l’encontre de l’éthique.Les étapes sont les suivantes:

These first four steps are: The perpetrator is hired into a position of power. Second step, personality and life circumstances affect the perpetrator in such a way that they recognise their power. In the third step “drivers” who turn a blind eye or condone certain activities come into view. The fourth step sees passive participants recognizing an opportunity.

In steps 5 to 8 the truth of escalating illegal activity is hidden.

In step 5 reluctant participants are drawn into the web of deceit by the “leader”. In step 6 distrust of the other people involved emerges. In step 7, the perpetrator recognizes they have their accomplices in a vulnerable position and begin to exploit that position. In step 8 bullying tactics become increasingly common as illegal goals are aimed for.

In steps 9 through 12 the perpetrator’s actions are challenged and publicised revealing the white-collar crime.

In step 9, the crime continues, but the perpetrators, trapped in their insatiable addiction, become more blaze, taking bigger risks, and seeking more lucrative exploits.

In step 10, an undeniable paradox becomes apparent, as the participants’ values and their behavior are now obviously in conflict.

In step 11, a whistleblower steps up to the mark and the leader loses control.

Finally in step 12, blame is laid at the feet of the perpetrator at which point they either deny everything or admit their guilt and seek forgiveness by laying bare their activities.”

Source: The 12-step path to white-collar crime

Les états financiers et les chiffres ne disent pas tout.

dreamstime_58014851Dans une société de performance, les statistiques, les chiffres, les données financières sont utilisés comme mesure de performance . Il faut tout quantifier, calculer, mesurer…on veut voir le “bottom line”. Et à partir de ça, on investi, on prête, on emprunte, on paie des bonis, on devient populaire, on se donne ou on obtient du pouvoir  et on …”se pette les bretelles” signalant au reste du monde que l’on est le plus brillant, le plus fort .

Le principe en arrière de tout ça, c’est que la bonne gestion se reflète dans les chiffres et la mauvaise aussi, donc on peut et on devrait se fier aux chiffres. On a donc des états financiers de la direction pour que les investisseurs évaluent la pertinence de leurs placements. Mais la direction peut nous jouer des tours alors pour que les chiffres sont vrais ou “fidèles”  on a le rapport des vérificateurs ( auditeurs) qui donnent leur opinion que tout est conforme et que le lecteur des états financiers a une image fidèle de la situation financière de l’entreprise. On a une estampe “OK” sur les états financiers.

Sauf que…

Les firmes de vérificateurs ne semblent pas être capable d’identifier les fraudes importantes ou de corruption et est-ce que ça fait partie de leur mandat? . On a Enron, Satyan, Gomery, Lacroix .

, Norshield..etc. Il y a plein d’exemples et beaucoup de grandes firmes sont poursuivies pour faute profesionnelle.Les vérificateurs sont des spécialistes dans les règles comptables mais on peut aussi se rappeler le cas de la Hudson Consulting Group dont j’ai déjà parler sur mon blog.

Pensons à l’histoire des commandites , aux dons de  Hydro Québec, aux compteurs d’eau et ils  sont peut-être juste la pointe de l’iceberg. Je pense aussi à ce ministre d’un des pays scandinaves qui a retiré les placements du pays dans des fonds servant à ériger des murs “militaires”. Les états financiers “ne parlent pas de ça”. Les chiffres ne parlent pas d’éthique, de “fair play”, de placement éthique, de gestion éthique des fonds publics.

Est-ce que les états financiers et les rapports des vérificateurs répondent , aujourd’hui, aux besoins des investisseurs, actionnaires et à ceux portant intérêt à ladite entreprise? A-t-on besoin de plus d’informations et que ces informations  ne se  retrouvent  pas dans les états financiers et ne sont pas les chiffres?

Voilà les deux  questions à se poser.

Psychologie du pouvoir : le paradoxe

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Selon un chercheur de l’université de Stanford, D. Keltner:

A great deal of research has also found that power encourages individuals to act
on their own whims, desires, and impulses. When researchers give people power in scientific experiments, those people are more likely to physically touch others in potentially inappropriate ways, to flirt in more direct fashion, to make risky choices and
gambles, to make first offers in negotiations, to speak their mind, and to eat cookies like
the Cookie Monster, with crumbs all over their chins and chests.

Power may induce more harmful forms of aggression as well. In the famed Stanford Prison Experiment, psychologist Philip Zimbardo randomly assigned Stanford undergraduates to act as prison guards or prisoners—an extreme kind of power relation. The prison guards quickly descended into the purest forms of power abuse, psychologically torturing their peers, the prisoners. Similarly, anthropologists have found that cultures where rape is prevalent and accepted tend to be cultures with deeply entrenched beliefs in the supremacy of men over women.

This leaves us with a power paradox. Power is given to those individuals, groups, or nations who advance the interests of the greater good in socially-intelligent fashion. Yet unfortunately, having power renders many individuals as impulsive and poorly attuned to others as your garden variety frontal lobe patient, making them prone toact abusively and lose the esteem of their peers.

Peut-être faut-il se méfier des gens qui sont dans des situations de pouvoir et être un plus critique face à eux et se rappeler l’expérience de la prison de Stanford  avant de sortir le tapis rouge et de leur signer des chèques en blanc. On a juste à regarder les premières pages des journeaux pour voir comment les médias font de certaines personnes des idoles. Les Charest, Black , Madoff, Lacroix ont tous eu les honneurs de la presse ou de leurs pairs…avant la chute.

Le magazine américain sur internet, “Greater Good Magazine”, publié par des gens de l’université Berkley , semble se donner pour vocation de créer un monde plus heureux en favorisant la compassion, la diminution de la violence, de la confiance , de former de meilleurs managers…On n’y parle pas de fraude, ni business  mais de changement culturel et social dans un sens très large tout en amenant des solutions pratiques. Ce  qu’il faut dans les organisations: des managers qui utilise leurs pouvoirs de façon responsable et éhique.

Corruption à la ville de Montréal: boîte à outils

dreamstime_16751831La corruption à la ville de Montréal , une boîte à outils est requise.

Selon le ministre des Affaires municipales, les nombreux problèmes d’éthique qui ont fait surface dans l’administration de la Ville de Montréal constituent des «cas isolés». «On ne fera pas de grande enquête là-dessus», a tranché M. Laurent Lessard.

Des cas isolés? On a plutôt l’impression, à voir les scandales éclater les uns après les autres, à voir aussi la Sûreté du Québec multiplier les enquêtes et les perquisitions, qu’une frange de l’industrie de la construction a érigé en système les tentatives de corruption d’officiers municipaux. ( Article de André Pratte, Cyberpresse).

L’organisation ” Transparancy International”  en collaboration avec la “United Nations Human Settlements Programme” a publié un document pour promouvoir la transparance et la bonne gouvernance  “Tools to Build Transparancy in Local Governement“.  L’ argument est qu’une bonne gouvernance urbaine peut faire la différence entre des villes prospères et celles en déclin. Comment? En favorisant la transparence par l’éducation , la participation du publique, la e-gouvernance , l’éthique et la réforma des institutions cela apporte:

  • la réduction de l’apathie des citoyens , ce qui est une bonne chose quand on regarde les taux de participation aux élections;
  • Améliore l’efficacité des services rendus à la population;
  • Augmente les revenus  de la ville , non pas par une augmentation de la taxation, mais en ayant moins de pots de vin , de gaspillage et de frais gonflés;
  • Augmentation l’éthique en améliorant la qualité politique et professionnelle des leaders et en ayant pour but le sens du service aux citoyens. L’état au service du citoyen et non pas le contraire.

Un document de 200 pages, peut-être pas parfait mais qui est le début vers une meilleure gouvernance.

Selon Geneviève Caillé 16 juillet 2002. «Le recours à l’éthique : une solution miracle
à tous les problèmes ? ». Chronique de la Chaire MCD. En ligne.

En réaction à des événements de ce genre, il est maintenant devenu commun de brandir
bien haut la solution du recours à l’éthique. De fait, la multiplication des « instruments
éthiques » de tous acabits (codes d’éthique, lignes directrices, comité d’éthique, etc.) a
gagné bon nombre de domaines d’activités, notamment le milieu politique (éthique
gouvernementale), le milieu des affaires (éthique des affaires) ainsi que le milieu de la
recherche scientifique (éthique de la recherche)…

Cette perte de confiance des citoyens, du public, de la population suite à ces révélations
malheureuses constitue le moteur le plus important de cette invocation de l’éthique. En
effet, quoi de mieux que le recours au sceau de la vertu pour tenter de rétablir la
confiance des gens dans leurs institutions politiques, économiques et scientifiques ?…

Sa conclusion est :

Plus largement, il faudrait s’interroger sur la pertinence de ce recours à l’éthique dans les
situations de crise que traversent bon nombre d’institutions contemporaines. L’éthique,
selon cette conception étroite et instrumentale, agirait ainsi à titre de remède miracle
destiné à rétablir la confiance du public, des investisseurs, des citoyens dans leurs
institutions. Au lieu d’appliquer un baume éthique sur les blessures les plus visibles, nous
devrions peut-être songer à encadrer ces institutions par une meilleure régulation afin que les scandales récents ne puissent se reproduire.

Le contenu de la boîte à outil selon TI:

  1. Analyse de la situation actuelle : type et niveau de corruption et degré de transparence de l’organisation gouvernementale, ce  qui en plus,  suscite l’intérêt et la  mobilisation du publique contre la corruption;
  2. Accès à l’information et participation du publique: meeting publique, accès à l’information, participation du publique et mesures d’éducation via écoles et  publications;
  3. Outils pour clarifier ce qui est attendu des professionnels et employés ainsi que les mécanismes  de surveillance pour s’assurer de l’adhérence aux règles: simplification des procédures administratives, déclaration des revenus et des actifs, protection des délateurs , code d’éthique, campagne pour promouvoir les bonnes pratiques éthiques, formation à l’éthique.

Ce document est très pratique, référencés et des extraits de  reportages sur des gestes posés par des municipalités dans une optique de lutte à la corruption. Des villes de partout, y compris des États-Unis.

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