Juricomptabilité et évaluation d'entreprise

Profil du fraudeur

Blind Spots: Comportement contraire à l’éthique

Faccia buffaDans le livre Blind Spots: Why We Fail to Do What’s Right and What to Do about It” (Princeton University Press) (voir blog précédent) on explique qu’au moment de prendre une décision, selon les auteurs Bazerman et Tenbrunsel, il y a une grande différence entre le “je veux” et le “je devrais” dans le processus temporel de la décision:

Le “je devrais” domine avant et après la prise de décision, c’est le côté rationnel, réfléchi, intellectuel:

  • Je dois agir avec éthique…donc, je le ferai;
  • Je devais  agir avec éthique…donc, je l’ai fait.

Le “je le veux” domine au moment même de la décision et ce qui domine est l’intérêt personnel et une absence de regard au côté éthique de la prise de décision et du je devrais : “je ne vois pas l’implication éthique de cette décision, donc je fais ce que je veux”. Il semblerait qu’au moment de prendre la décision, le focus est mis sur les besoins à court terme. Nos propres intérêts à long terme  et la considération des intérêts des autres disparaissent. Souvent les actions précèdent le raisonnement.

Après l’événement, il est toujours possible de “nettoyer” sa propre image (psychological cleansing).

Our memory is selective;specifically, we remember behaviors that support our self-image and conveniently forgot those that do not. We rationalize unethical behavior, change our definition of ethical behavior, and, over time, become desensitized to our own unethical behavior.

When we recall our past behavior, the self-serving biaises help to hide our unethical actions. The implicit goal is not to arrive at an accurate picture of ourselves, but rather to create a picture the fits with our desired self-view.

Le meilleur exemple de ce principe est le “tout le monde le fait”, “si ce n’est pas moi, ce sera un autre…” Plus notre environnement tolère des comportements contraires à l’éthique, plus ils deviennent acceptables.

Une autre conclusion des auteurs est que plus une personne à un intérêt personnel dans une situation plus elle a de la difficulté à l’approcher sans biais même si cette personne se considère honnête. Ce biais s’applique aussi aux comportements contraires à l’éthique des autres si ce comportement peut causer du tort à l’observateur. Le terme “motivated blindness” ou aveuglement motivé ou volontaire décrit bien ce processus.

Site du livre: http://www.blindspots-ethics.com/

Fraude: Un site internet pour les victimes de Carole Morinville

Le site www.carolemorinville.com a été créé afin de réunir toute l’information disponible sur la fraude de Carole Morinville qui, sans scrupules, a volé un nombre important d’investisseurs. Voici un texte d’une des victimes:

J’ai fait sa connaissance en 2005 , la relation s’est bâtie tranquillement et elle a pris de plus en plus de place dans ma vie. Je la croyais une amie, une amie en qui j’avais une confiance aveugle et vers qui je me suis tournée lorsque j’avais besoin de conseils non seulement financiers, mais personnels aussi. Elle s’est servie de cette confiance pour s’approprier mon argent, argent qui ne lui appartenait en rien et avec lequel elle se pavane ouvertement et SANS AUCUNE HONTE. Il faut vraiment être sans coeur pour pouvoir dormir la nuit et sortir en plein jour!!! J’ai été mise au fait de l’enquête en mai dernier et je l’ai convoquée à une rencontre pour m’expliquer ce que cela signifiait. Elle s’est présentée devant moi et pendant 90 minutes elle m’a rassurée que cette enquête ne la visait pas elle personnellement, mais bien un de ses clients, qu’il fallait que je sois patiente et que je ne collabore pas avec l’AMF si je voulais récupérer mon argent plus vite. Je ne l’ai pas crue et je l’ai sommée de me rembourser par voie de mise en demeure et elle n’a même pas daigné répondre dans les délais prescrits. J’ai par la suite repris contact avec elle et elle m’a expliqué que si je voulais prendre des moyens légaux contre elle je n’entendrais plus parler d’elle. Elle m’a par la suite menée en bateau pendant 2 semaines à raison de multiples rendez-vous annulés à la dernière minute pour des raisons toutes plus loufoques les unes que les autres. La veille du dernier rendez-vous elle m’a même téléphoné à 2 reprises pour me garantir qu’elle serait présente et que je n’avais pas à m’en faire. Je lui ai demandé de jurer sur la tête de ses 2 gars et elle m’a répondu qu’elle ne jurait jamais mais que je devais lui faire confiance. À 23:00 ce soir là j’ai eu un message texte me disant qu’elle ne pouvait plus me parler et que je devais attendre la fin des procédures et de l’enquête.

Une femme manipulatrice, sans scrupule, qui se pense au dessus des lois et des autres. De tels êtres devraient être en prison car ce n’est pas juste de l’argent qu’elle m’a pris, c’est ma confiance en la race humaine!!

J’aimerais bien savoir vous aussi, victimes, ce que vous connaissez d’elle et ce qu’elle vous a volé à part l’argent?

Référence: www.carolemorinville.com

La cravate, symbole de la fraude?

La cravate serait-elle devenue le symbole de la fraude? On utilise de plus en plus l’expression “criminel à cravate” pour désigner les fraudeurs .

Un article intéressant pour ceux qui aiment les mots , la symbolique et allons-y fort, l’inconscient collectif. Le Devoir a publié un article sur les mots et les symboles qui ont eu un effet accrocheur en 2009.

C’est un raz-de-marée. Depuis 2004, année de sa première apparition, l’expression «criminels à cravate» est apparue 125 fois dans les médias québécois… dont 111 fois en 2009. Alors que l’Europe francophone préfère généralement «escrocs» ou «criminels en col blanc», le Québec — ou ses médias — a conclu que seul cet étrange accessoire de mode masculine peut désormais incarner la fraude.

…..

Pourquoi la cravate est-elle soudainement devenue si populaire? Mystère. Car, en plus, elle est même venue, dans l’imaginaire de certains, à symboliser ces extorqueurs professionnels de Wall Street, ces «bandits à cravate», qui se bourrent les poches à coups de primes de fin d’année.

Source : Le Devoir

Il faut lire aussi les commentaires des lecteurs sur cet accessoire, on y parle de son histoire de la cravate.

La cravate était associé à  l’homme d’affaire sérieux, respectable, qui réussit.Si les gens associent de plus en plus cravate de l’homme d’affaire et fraudeur, les faiseurs d’image et autres agences de pub et de relations publiques vont surement conseiller aux personnages en vue de changer d’accessoire. Le noeud papillon va-t-il redevenir la mode?  Les cols mao? Les chandails à cols roulés sous le veston? Est-ce que ça va avoir un impact important sur la façon dont les  comptables (hommes )  s’habillent?…et les politiciens de l’ assemblée nationale? La mode masculine des gens d’affaires va-t-elle changer? Verra-t-on apparaître le kilt?

La cravate, un des symboles les plus puissants de conformité au code vestimentaire masculin, est portée depuis plus de 300 ans. Tout au long de cette histoire, son aspect pratique ou son confort ont peu ou prou été remis en question.

Dans les années 1860, la cravate longue, comme on la connaît aujourd’hui, devient plus en vogue. L’encombrant col-cravate est abandonné en faveur de la cravate étroite portée avec un col replié et attachée avec un noeud coulant. Les cravates pré-nouées, pratiques et appréciées, sont néanmoins considérées comme fausses et, pour cette raison, rejetées. Les gentlemen sont priés de renoncer à la commodité qu’elles procurent selon le principe qu’une cravate ordinaire, même mal nouée, est préférable.

La société préconise le port de la cravate en dépit de son inconfort, mais les hommes peuvent choisir parmi de nombreux styles, tissus et couleurs. Certains styles sont baptisés d’après des célébrités ou des endroits chic. L’ascot, par exemple, tire son nom de la piste de chevaux fréquentée par la royauté anglaise.

Source: Musée McCord

Selon Freud et la psychanalyse, la cravate est un symbole phallique, les hommes vont-ils laisser tomber facilement la cravate dans leur habillement?

Je pense que je ne regarderai plus les hommes à cravate de la même façon…;o)

L’ agriculture , les vaches et la fraude

Toutes les opportunités pour frauder sont bonnes pour certains. Même les vaches peuvent être des moyens de frauder les agriculteurs.

Dans la région d’Edmonton, les policiers mettent en garde les agriculteurs contre un individu qui vend …des vaches et des cheveaux et qui dit avoir  de très bons contacts dans l’industrie de la transformation de la viande. Donc, le fraudeur se fait donner des dépôts d’Argent pour l’achat d’animaux qui ne seront jamais livrés à l’acheteur .l aurait même agit en Ontario.

Source: The Record (region de Waterloo)

Norbourg: Profil des acteurs

dreamstimeweb_1307690Un excellent article , ” La bande à Vincent” est à lire dans le magazine Jobboom. On y décrit le profil des gens qui ont travaillé avec Vincent Lacroix.

Dans le scandale Norbourg, Vincent Lacroix n’a pas seulement volé 115 millions à 9?200 investisseurs, il a aussi volé le show. Pourtant, derrière le rideau, toute une ribambelle de personnages – certains louches, d’autres incongrus, innocents ou impliqués contre leur gré – ont animé l’univers de cette vaste fraude. Qui sont-ils? D’où venaient-ils? Quel était leur rôle? Quelle relation entretenaient-ils avec le maître des lieux? Comment ce dernier s’est-il servi d’eux afin de mieux se servir lui-même? Pourquoi certains ont-ils été blanchis tandis que d’autres font face à la justice?

Source: Dossier de Jobboom

Psychologie du pouvoir : le paradoxe

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Selon un chercheur de l’université de Stanford, D. Keltner:

A great deal of research has also found that power encourages individuals to act
on their own whims, desires, and impulses. When researchers give people power in scientific experiments, those people are more likely to physically touch others in potentially inappropriate ways, to flirt in more direct fashion, to make risky choices and
gambles, to make first offers in negotiations, to speak their mind, and to eat cookies like
the Cookie Monster, with crumbs all over their chins and chests.

Power may induce more harmful forms of aggression as well. In the famed Stanford Prison Experiment, psychologist Philip Zimbardo randomly assigned Stanford undergraduates to act as prison guards or prisoners—an extreme kind of power relation. The prison guards quickly descended into the purest forms of power abuse, psychologically torturing their peers, the prisoners. Similarly, anthropologists have found that cultures where rape is prevalent and accepted tend to be cultures with deeply entrenched beliefs in the supremacy of men over women.

This leaves us with a power paradox. Power is given to those individuals, groups, or nations who advance the interests of the greater good in socially-intelligent fashion. Yet unfortunately, having power renders many individuals as impulsive and poorly attuned to others as your garden variety frontal lobe patient, making them prone toact abusively and lose the esteem of their peers.

Peut-être faut-il se méfier des gens qui sont dans des situations de pouvoir et être un plus critique face à eux et se rappeler l’expérience de la prison de Stanford  avant de sortir le tapis rouge et de leur signer des chèques en blanc. On a juste à regarder les premières pages des journeaux pour voir comment les médias font de certaines personnes des idoles. Les Charest, Black , Madoff, Lacroix ont tous eu les honneurs de la presse ou de leurs pairs…avant la chute.

Le magazine américain sur internet, “Greater Good Magazine”, publié par des gens de l’université Berkley , semble se donner pour vocation de créer un monde plus heureux en favorisant la compassion, la diminution de la violence, de la confiance , de former de meilleurs managers…On n’y parle pas de fraude, ni business  mais de changement culturel et social dans un sens très large tout en amenant des solutions pratiques. Ce  qu’il faut dans les organisations: des managers qui utilise leurs pouvoirs de façon responsable et éhique.

Charest M., Black, Lacroix, Madoff et les autres : la soif du pouvoir

Comment expliquer que la soif du pouvoir des Charest, Black, Lacroix, Madoff les ont amenés à frauder, mentir, voler?

Voici un extrait de Youtube de “La femme qui ne se voyait plus aller” ( Micheline Charest):

YouTube Preview Image

On dit dans le langage courant que le pouvoir corrompt. Kisinger, lui,  disait que ” le pouvoir est l’ultime aphrodisiaque”.  Certaines études montrent que certains comportements tels qu’extravagance, soif du pouvoir, folie des grandeurs, prendre des risques, jeux, narcissisme sont associés aux fraudeurs, mais peut-on généraliser?  Beaucoup de gens , que l’on peut connaître ou qui font la une des journeaux, semblent avoir ces comportements ou traits de caractère,  mais ils ne sont pas des fraudeurs pour autant.

Dans une étude universitaire récente publiée par La chaire d’information financière et organisationnelle,  en  2009: ” La fraude commises par les dirigeants: tour d’horizon et leçons”, les auteurs Michel Magnan et Denis Cormier, mentionnent :

  • Un contexte organisationnel propice ie opportunité de poser le geste, absence de contrôle , un contexte où l’autorité fait foi de tout;
  • Incitatifs et pressions orientés vers la performance;
  • Conseil d’administration dont toutes les informations viennent de la haute direction avec peu d’expérience et/ou connaissances du domaine;
  • Personnalité ouverte à la fraude;
  • Un discours qui cache cupidité et avidité;
  • Arrogance et orgueil démesurés.

Il serait intéressant d’aller voir du côté de la socio-psychologie et de  la psychologie du pouvoir,  les variables ou les raisons qui font qu’ un individu , dans une situation de pouvoir, “dérappe” à un monent donné et se retrouve dans une spirale de gestes frauduleux et mensongers .

Those in positions of power can be observed to act in a manner that is peculiar and often has no connection to reality. Dr. Guenfeld notes that, because there is no consequence to the way they act, powerful people can make serious mistakes that have a negative effect on their organization. Her research shows that the psychology of a powerful leader includes making decisions without any consultation with others, an intense drive to act, and a lack of interest in others.

The results and effects of power can often be beneficial but a good leader will take into account the potential risks associated with any particular action. And it always makes sense for organizations to impose a system of checks and balances so power is less likely to be abused thereby preventing disasters that might otherwise occur.

Source: Dr. Guenfled

Un autre article datant de 2006 sur le sujet : ” Power is not only an aphrodisiac, it does weird things to some of us”  du San Franciso Chronicle:

Why is it said that power corrupts, and absolute power corrupts absolutely? What is it about the psychology of power that leads people to behave differently — and too often, badly?

Those are some of the questions intriguing a group of social scientists, many of them at Stanford University and UC Berkeley. In the past few years, their research has zeroed in on what an intoxicating elixir power can be.

And one thing has become clear: The phrase “drunk with power” is often a dead-on description. These new studies show that power acts to lower inhibitions, much the same as alcohol does.

“It explains why powerful people act with great daring and sometimes behave rather like gorillas,” said psychologist Cameron Anderson, assistant professor at UC Berkeley who has studied power dynamics.

Some evidence also suggests a physiological component: that powerful people experience an adrenaline rush, not unlike that of someone in an emergency who is suddenly able to lift an automobile. Research on monkeys indicates that their levels of serotonin change when they move into the dominant alpha position.

“Disinhibition is the very root of power,” said Stanford Professor Deborah Gruenfeld, a social psychologist who focuses on the study of power. “For most people, what we think of as ‘power plays’ aren’t calculated and Machiavellian — they happen at the subconscious level. Many of those internal regulators that hold most of us back from bold or bad behavior diminish or disappear. When people feel powerful, they stop trying to ‘control themselves.’ ”

The point, Kramer would argue, is not just that power reveals but also that it changes people. Such transformation explains why so many powerful people, imbued with talent, luck and leadership skills, tumble in flames like Icarus. The only way to truly harness power is first to understand what it does to you — in other words, the consequences of lowered inhibitions.

“The bottom line is that people in power act in more cavalier ways,” Anderson said. “They really do believe that they’re not going to get caught, and they start to see themselves as above the law. And we know how that turns out …”

So what is required to remain uncorrupted — to handle power with grace?

The experts say that to remain grounded, it takes a deliberate effort, a sense of humor about yourself and a willingness to become more, not less, reflective. Illinois Sen. Barack Obama says he gains more insights into the needs of constituents by flying in coach. High-flying investor Warren Buffet still lives in Omaha in a house that cost $31,000, and continues to play bridge with his same cadre of friends. Presidents John Kennedy and Ronald Reagan were masters at a self-deprecating wit that served them well.

“Nearly all men can stand adversity,” said Abraham Lincoln, “but if you want to test a man’s character, give him power.”

LU: How to Smell A Rat – The Five Signs of Financial Fraud

How to Smell A RAT – The Five SIgns of Financial Fraud. de Ken Fisher.

En traduction libre, le titre de ce livre pourrait s’écrire: comment reconnaître les représentants  qui en veulent à votre argent et à vos épargnes.

S’il y a un livre à lire pour un particulier qui a des placements entre les mains d’un courtier ou un représentant, c’est celui-là.

Ce livre énumère les signaux  de fraude par un représentant dont il faut être attentif.

Très bon livre pour quelqu’un qui veut être au courant des signaux avant-coureur d’une fraude financière à forte probabilité.

Quelques points:

  • peu importe le  montant du placement, le fraudeur veut tout. Des petits  montants comme les gros;
  • Vous ne devez pas donner le contrôle de vos actifs ;
  • Vous devez comprendre la composition de votre portefeuille et le genre de vos placements;
  • Ne rien prendre pour acquis;
  • Les gens peuvent être des maîtres en manipulation;
  • Savoir où vos fonds sont déposés et la preuve qu’ils sont à votre nom;
  • Un accès en ligne à votre compte est un point positif;
  • Attention quand c’est trop beau pour être vrai;
  • De bons rendement année après année  et constant sont des  éléments suspect et quasi-impossible;
  • Trop compliqué? Prudence!;
  • Un représentant avec une bonne réputation? Madoff donnait beaucoup aux organismes de charité. Les fraudeurs peuvent s’impliquer au niveau politique et au niveau social. Donc attention à la facade,  ( le fraudeur ne porte pas le masque du loup );

Quelques extraits:

  • “Rats aren’t looking for financial illeterates. They want victims who won’t question too hard _either because they are busy, intimidated  or easily distracted by outsized performance claims”;
  • “Reputation is an iddle and most false imposition; off got without merit, and lost without deserving” citation de Shakespeare ( La réputation est un pr.jugé vain et fallacieux, souvent gagnée sans mérite et perdue sans justice ) .

Un point très important et dont on parle peu. De la responsabilité de l’investisseur d’être diligent  ( due diligence)  et de s’ occuper de ses affaires . La SEC ou l’Autorité des marchés financiers (AMF)  ne peut tout contrôler.  De la même façon  que l’on met le verrou de sa porte, que l’on peut avoir un système d’alarme, qu’on laisse une lumière allumée, que l’on protège sa  maison des voleurs, il faut être prudent et faire devoir de diligence. Car, on ne s’attend pas à ce qu’il y ait un policier à tous les coins de rue. La prévention, c’est plus efficace que la détection.

L’auteur termine en faisant un résumé et une liste de contrôle.

À lire par toute personne ayant des épargnes.

The Journey of a Corporate Whistleblower. Extraodinary Circumstances”

fraude

Un livre sur le scandale de WordCom et de sa faillite.

Cynthia Cooper était en charge de la direction du département de vérification interne de WordCom. Après le premier chapître dans lequel on retrouve un résumé de l’histoire , les 200 quelques pages suivantes brosse un portrait de la vie personnelle de l’auteur, de sa carrière et un historique de WordCom. Rien à voir avec la fraude en tant que tel. Personnellement , j’ai trouvé ce bloc très peu intéressant et beaucoup trop long . À partir de la page 223 , on commence à introduire le contexte de la fraude et là ca devient intéressant. Donc environ une cinquantaine de pages sur 400 où nous sommes réellement dans le vif du sujet c’est-à-dire ce qui s’est passé réellement, la chronologie des faits , les acteurs, les tensions…etc.

Une histoire de  manipulation des chiffres: maquillage des états financiers en réduisant des dépenses pour les capitaliser dans des actifs qui eux, seront amortis sur une grande période; un écart aux principes comptables généralement reconnus surtout celui  de l’appariement des revenus et dépenses.  Une seule personne  ne peut manipuler  les chiffres, il doit donc y avoir des “complices” des gens de la direction de la comptabilité, des cadres intermédiaires qui acceptent de faire du maquillage et de passer des écritures qui ne sont pas supportés. Les circonstances de la première fois et par la suite comment les gens  deviennent coincés dans le système.

Pourquoi trafiquer des chiffres?  Pour que les résultats intérimaires paraissent mieux ou sont ceux des  attentes  de Wall Street? Au début , c’est juste temporaire, la situation devrait se résorber au prochain trimestre et avant la fin de l’exercice financier…donc, pas de mal. Sauf que la situation économique ne s’améliore pas parce que les chiffres sur papiers sont changés. De trimestre en trimestre , les chiffres doivent être ajustés et on s’arrange pour brouiller les pistes pour ne pas lever un drapeau rouge pour les vérificateurs externes ( encore la, un peu de complaisance de leur part) lors de la vérification annuelle.

Mais pourquoi des gens acceptent de le faire? Pour sauvegarder leur job, parce qu’ils se disent qu’en trouver une autre aussi payante va être difficile, qu’ils ne veulent pas déménager de leur ville, qu’ils ont une famille à charge. Pour certains , ça dépend de leurs bonis, de leurs options d’achat d’actions…etc.  Ils regrettent tous, après le fait, d’avoir poser ces gestes et ne l’auraient jamais fait sachant l’engrenage dans lequel ils s’embarquaient. Nul n’est contre la vertu. Ils n’ont pas reçu directement de l’argent pour s’être embarqués dans ce schéma, ils veulent juste conserver leurs jobs et conserver leurs fonds de pension.

Ce qui fait réfléchir c’est l’élément suivant: dans une organisation, devons-nous agir contre l’intérêt du publique, contre une certaine éthique pour sauvegarder sa job? Dois-je agir en dehors de mes convictions personnelles et de mes valeurs personnelles quand un patron me demande de faire quelquechose de “pas trop correct”?

Profil des fraudeurs: des hommes ou des femmes?

image-acfe1Quelques statistiques sur le sexe des fraudeurs et la valeur des sommes détournées:

  • 60% des fraudeurs sont des hommes contre 40% pour les femmes;
  • la fraude moyenne d’une femme est d’environ 110 000$ contre 210 000$ pour les hommes.

Ces statistiques sont tirées de 2008 Report to the Nation on Occupational Fraud and Abuse de L’ Association of Certified Fraud Examiner disponible en cliquant ici.

On y explique que la différence entre l’importance de la fraude des femmes comparée aux hommes est que ces dernières n’accèdent pas à des postes élevés dans le management ou la haute direction exécutive ( glass ceiling). Plus la personne est élevée dans la hierarchie, plus la fraude est importante.  Les employés gagnant 50 000$ et moins fraudent pour en moyenne 75 000$ et la majorité travaille au département de la comptabilité.

Peine d’emprisonnement pour fraude: vivre en ce pays , c’est comme vivre aux États-Unis?

dreamstime_35472431Les peines d’emprisonnement pour fraude sont-elles similaires entre les États-Unis et le Canada? Vivre en ce pays , c’est comme vivre aux États-Unis  comme le chantait Charlebois?

Eh bien…

Pendant que l’avocat de Vincent Lacroix considère que 8 ans et demi pour avoir flouer plus de 9 200 investisseurs pour environ 130 millions est une peine beaucoup trop élevée et que 5 ans serait amplement suffisant, regardons un peu, ce qui se passe  au sud.

  • Une employée d’une résidence pour personnes agées de l’état de l’Ohio  faisant la tenue de livres: détournements de fonds à son profit:  454 000$ —7 ans;
  • Un homme du Wisconsin: 1, 5 millions —-6 ans;
  • Un chiro de la Géorgie: 1, 2 millions , fraude aux assurances —-3 ans et la restitution de l’argent;
  • Un homme du Minnesota: 8,5 millions —-8 ans;
  • Une secrétaire  du Dakota: 108 000$ —7 ans;
  • Une femme du Colorado: 102 000$ —9 mois;
  • Une teneure de livres du Connecticut: 200 000$—4 ans;
  • Une comptable de Pensylvanie: 160 000$ pour 5 1/2 ans.

Source: http://fraudtalk.blogspot.com/

Sans être un sondage scientifique et des conclusions tirées selon  les règles de méthodologie de la  recherche  en sciences sociales, je dirais que non, vivre ici c’ est plus “cool” pour les fraudeurs.  Une chose est certaine, une femme aux États-Unis semble recevoir des peines assez lourdes pour des détournements ou vols ne dépassant pas 500 000$ , comparativement à des millions pour les hommes. Bizarre quand même. Si jamais je tombe sur une étude portant sur les peines d’emprisonnement pour fraudes : situation des femmes vs hommes, et des montants des fraudes commises par les femmes vs les hommes  j’en parlerai dans ce blog.

Bouquin: “Snakes in Suits- When Psychopaths go to Work”

“Snakes in Suits – When Psychopaths go to Work” de P. Babiak & R. Hare” , ce livre pourrait se traduire par “Les psychopathes dans les organisations”.

Ce n’est pas un livre sur la fraude mais on y parle des psychopathes et de leurs comportements dans les organisations. La majorité des travailleurs sont honnêtes, loyaux et respectueux de règles de la société . D’autres sont manipulateurs, dominateurs, égoïstes, ignorant les règles ( elles ne sont pas pour eux ) et concernées par eux-mêmes seulement.  Ils cherchent le pouvoir et le contrôle et souvent ces gens se retrouvent dans des postes de direction.  C’est un terrain que ces gens aiment, ils s’y sentent à l’aise. Pour eux, c’est l’atteinte du succès à n’importe quel prix.

Les psychopathes qui se retrouvent dans des postes importants sont charismatiques, fins manipulateurs, et même charmeurs et  ces caractéristiques peuvent être confondues à celles du leader.

Vivre avec ou côtoyer un manipulateur peut être excessivement pénible pour l’entourage et l’organisation. Ce livre nous montre comment ils agissent, comment ils savent trouver les failles d’une organisation et les faiblesses d’un individu. En connaissant leurs agissements, cela nous aide à les identifier et agir en conséquence pour protéger l’organisation ou pour se protéger en tant qu’individu.  Des trucs pour analyser les curriculum vitae, techniques d’entrevues, et une liste qui permet de lever des drapeaux rouges complètent le bouquin.

Facile à lire,  intéressant, 336 pages aux éditions Harper Collins, 2006.

Climat organisationnel propice à la fraude et à la malveillance – Partie ll

Pour prévenir la fraude dans les organisations, ca prend beaucoup plus que des contrôles internes, ca prend un climat de sens moral qui doit être véhiculé à tous les niveaux de l’organisation et surtout par la haute direction.
Henry Mintzberg de l’université Mc Gill , dans son article sur  “How Productivity Killed American Entreprise ” mentionne que la poursuite de la productivité et de la maximisation de la valeur des actionnaires ( qui en fait sont, pour beaucoup, des spéculateurs et « day trader), le focus sur la performance provoqué par la règle de publication des résultats intérimaires trimestriels amènent la haute direction à penser court terme au détriment du service, de la clientèle, des produits à moyen et long terme et au développement durable. Rajoutons à cet environnement, une rémunération de la haute direction basée surtout sur des options d’achat d’actions et carte blanche pour agir mais toujours dans un but d’augmenter le prix des actions à la bourse. Tricherie, maquillage des états financiers, peuvent facilement devenir la norme. La recommandation de Mintzberg sur ce qu’il faut faire maintenant c’est de se questionner sur ce qui nous a amené à cette situation , de la valeur des actions de  l’actionnaire qui nuit à la valeur de l’entreprise et aux valeurs humaines et du genre de leadership que l’on favorise.

Selon Duffield et Graboxky dans  ” The Psychology of Fraud”, le profit d’un fraudeur au niveau de la haute direction montre un individu qui est admiré pour ses succès, son dynamisme. Il aime le pouvoir, le contrôle, il a une impression favorable de lui-même telle qu’il est narcissique et une croyance infaillible qu’ il fait ce qui doit être fait et que c’est un preneur de risque. Ils se sentent supérieurs aux autres. Leona Helmsley, une riche américaine accusée de fraude fiscale mentionnait avec arrogance « only the little people pay taxes »  ( “ce sont seulement les gens ordinaires qui paient des taxes” , traduction libre).

dreamstime_3162286Et pour terminer , en parlant d’Enron, le président Bush attribuait la chute de la compagnie en 2001 à « quelques pommes pourries »  dans le panier. Lorsqu’on lit l’actualité financière et le nombre de fraudes de plus en plus important avec des pertes pour les investisseurs de l’ordre de dizaines de billions de dollars , le scandale des commandites, Lacroix , Madoff, Mount Real, Olympus et autres c’est plusieurs  récoltes de pommes qui ne semblent pas être bonnes.

Vous connaissez surement des individus qui ont ce profil, j’en connais aussi mais ce ne sont pas nécessairement des fraudeurs mais ces traits de caractère et attitudes prévalent dans la population des fraudeurs. Mais en plus des caractéristiques psychologiques des fraudeurs  , ca prend l’environnement propice à la fraude.  « Le microbe n’est rien. Le terrain est tout » selon Pasteur, c’est vrai en biologie mais aussi  dans les organisations. Le fraudeur a la possibilité d’agir parce que l’environnement est propice.

À  suivre.

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