Juricomptabilité et évaluation d'entreprise

PCAA – subprime

Lu: Black Markets and Business Blues: The Man Made crisis of 2007-2009 and the road to a new capitalism.

Le scandale de Goldman Sach fait ressortir l’implication de certains financiers et “traders” dans la crise économique. Yvan Allaire et Mihaela Firsirotu, professeurs en management et en stratégie  ont publié en 2009 un livre expliquant les facteurs qui ont contribué à  la crise économique de 2007-2009.

Les auteurs expliquent , ce qui prévalait comme théorie de la firme et de la gouvernance des entreprises dans les années 1980.  Le changement avec les politiques de dérèglementation de Reagan et Tatcher  qui a amené le rôle prépondérant des financiers et de la spéculation ( avec la maximisation de la valeur des actions)  , la rémunération avec des options d’achat d’actions …tous les facteurs  qui ont été la cause de la crise du capitalisme via des financiers qui sont des mercenaires, n’ayant qu’un intérêt, leurs poches, et à très court terme. C’est dans la même veine que les écrits de Mintzberg dont j’ai déjà parlé dans un blogue précédent.

Un excellent livre, facile à lire, qui explique tout.

Il y a sur Youtube, une entrevue de Gérard Filion:

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Plans de relance économique: là où est l’argent, il y a de la fraude

La première fois où j’ai entendu parler des plans de relance rapides et express de l’économie je me demandé quel sera le délai où les fraudes seront connues. L’imagination et la créativité des fraudeurs est grande et très fertile. Ils ont une facilité à trouver les failles , à en profiter et par la suite cacher l’argent volé.

Déjà le FBI réassigne des agents luttant contre le terrorisme vers la section des crimes économiques:

“The FBI has reassigned some agents from terrorism cases to financial crimes.

The government’s $700 billion Troubled Asset Relief Program, and proposed economic stimulus legislation, likely will result in increased criminal activity, said Neil Barofsky, special inspector general of the TARP program, in prepared testimony.

“History teaches us that an outlay of so much money in such a short period of time will inevitably draw those seeking to profit criminally,” he said.”

À lire, sur Bloomberg en cliquant ici.

Goinfrerie de la finance: 2008 année record des bonus, des fraudes et des pertes pour les épargnants?

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L’année 2008 a été fertile pour les financiers: de gros bonis pour les directeurs financiers pendant que les épargnants perdent ( quelle est la perte de valeur dans vos Reer et fonds de pension?) .  Évidement , inutile de s’énerver, des pertes de 35%-40% c’est temporaire…ca va remonter, c’est certain (  avec des taux de rendement de 1 ou 2%, ca prend combien d’années pour récupérer? ).

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Je pense aux  contribuables qui paieront la note de la relance des institutions qui ont causés le problème et continueront de payer via leurs impôts et taxes foncières pour les fonds de pension déficitaires ou qui paieront la note des pertes de la Caisse de dépôts .  Je pense aux victimes qui ont investis dans Norbourg, Mount Real , Norshield et qui ont perdu les épargnes d’une vie de travailleur.

dreamstime_36800891Je remplis le réservoir de mon auto tout en regardant le prix du litre et je ne comprends pas que lorsque le prix du baril augmente, le lendemain ou presque le prix à la pompe augmente et lorsque le prix du baril baisse,  he bien…le prix à la pompe ne baisse pas .  J’écoute la radio ( après avoir fait le plein ) et j’entends que la crise est de la faute du consommateur ( dont moi ) parce qu’il consomme trop, qu’il est trop endetté et qu’il n’épargne pas assez, qu’il n’a pas été assez prudent.

J’écoute la télé et on interview un ex-fraudeur-repenti-charmeur-toujours-intelligent qui vient d’écrire un livre à succès sur ses fraudes et qui est présenté sous un jour vraiment sympathique .Hé oui, les fraudeurs sont sympathiques, on les admire, on les envie et surtout on s’identifie au genre de vie qu’ils mènent ( la vie des gens riches et célèbres est pour moi aussi! )

Et, quelles sont les solutions à cette crise? Hausser les impôts? Non, les baisser? Investir massivement dans les routes et infrastructures? Donner des crédits d’impôts pour les rénovations résidentielles? ( je vois déjà les grands sourires des futurs fraudeurs trouver des  moyens pour sauter sur de nouvelles occasions de fraudes ). Faire une commission d’enquête? Augmenter le taux de natalité et le taux d’immigration pour renouveller et augmenter la banque de payeurs de taxes ?

Sur le blog du diplo ( Le monde diplomatique) , un article de l’économiste Frédéric Lourdon:  Surtout ne changez rien!

“C’est le mode d’emploi de la bombe à hydrogène politique, il n’est nul besoin d’aller en chercher les composants chimiques dans un obscur recoin de l’internet, tous sont là, exposés sous nos yeux, il suffit de les observer et d’attendre leur précipité. Petite recette de chimie détonante : 1) la tragique désorientation des décideurs ; 2) la (remarquable) persévérance dans l’obscénité des hommes de la finance, même aux tréfonds de la déconfiture ; 3) l’état de rage qui gagne une part croissante de la population ; 4) la cécité, par atermoiement ou simple incapacité, de la quasi-totalité des médiateurs, gouvernants, partisans et syndicaux, incapables de saisir l’enjeu véritable de la situation, qui ne réclame pas le retrait d’une réforme, ou même d’une politique, mais une nouvelle donne d’une ampleur semblable à celle qui eut lieu au sortir de la deuxième guerre.” ( SOURCE, CLIQUEZ ICI )

L’auteur souligne le désarroi et l’incapacité des dirigeants , la nouvelle donne de “too big to fail” pour les grandes institutions et entreprises, justifiant ainsi l’aide de l’état

Que la goinfrerie de la finance ne connaisse aucun frein pendant la déconfiture et que les bonus continuent de valser à milliards pendant l’aide publique est un non-événement du point de vue macroéconomique. Mais du point de vue politique, pardon ! Le fait est qu’avec la finance, 2009 commence en fanfare. Avant que ne soit formalisé son rachat par Bank of America, John Thain, président de Merrill Lynch, a décidé que lui-même et ses troupes avaient bien mérité un dernier petit bonus pour la route — entre 4 et 5 milliards de dollars, alors même que Merrill apporte en « dot » à son mariage 15 milliards de pertes, qui ont conduit le Trésor US à lui fournir 20 milliards de dollars supplémentaires d’argent public et une garantie de reprise de perte de… 118 milliards.”

Il explique aussi , pourquoi le plan de sauvetage des banques ne fonctionnera pas.

Les solutions proposées:

  1. Refondre les structures bancaires et non pas l’achat des mauvaises créances
  2. Relance salariale et de l’emploi
  3. Justice sociale (abris fiscaux abolis, limite de la rémunération des dirigeants ..etc).

C’est une approche  socialiste au problème , article très intéressant, on peut être d’accord ou non.



LU: “Confessions of a Subprime Lender” . An Insider’s Tale of Greed, Fraud, and Ignorance


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“Confessions of a Subprime Lender. An Insider’s Tale of Greeg, Fraud, and Ignorance” de Richard Bitner est un livre qui explique tout le mécanisme du scandale des prêts hypothécaires américains .

Tous les rôles des intervenants sont expliqués: de l’emprunteur, du courtier en hypothèques, de Fannie Mae et Freddie Mac , des institutions qui achetaient les prêts ( autres que Fannie Mae et Fredie Mac). Le rôle de Wall Street, celui des firmes qui donnaient une cote (AAA à BB-) sur les fonds et des investisseurs dans ces fonds. Sans oublier les constructeurs et les courtiers d’immeubles.

Pour le marché des “subprime” : manipulation des données ( “finance créative”) , des millions facilement disponibles, un secteur non règlementé, la soif du gain facile à quasiment tous les niveaux des intervenants…

Un exemple du capitalisme débridé.

Madoff: 173 millions en chèques sur son bureau

Immédiatement après son arrestation, on a retrouvé sur le bureau de Madoff, 173 millions de dollars en chèques dont les bénéficiaires étaient des personnes de la famille , des amis et des employés.

“Prosecutors previously disclosed that Madoff said before his arrest that he wanted to transfer from $200 million to $300 million of his investors’ money to “selected family, friends, and employees.”

“The only thing that prevented the defendant from executing his plan to dissipate those assets was his arrest by the FBI on Dec. 11,” “.

À lire l’article complet sur Bloomberg.

Pour comprendre les “subprime” , PCAA et autres -partie 1

Le but de mon site est de vulgariser certains aspects financiers pour que les gens soient plus prudents dans leurs décisions d’investissements ou lors de l’achat d’une entreprise ou tout simplement pour qu’ils comprennent ce qui se passe.

Le terme “subprime” est utilisé pour identifier les prêts hypothécaires faits à des personnes ayant un crédit à risque ( revenus insuffisants par rapport à la dette, garantie insuffisante , stabilité financière faible) . Normalement plus le prêt est risqué, plus les taux d’intérêt sont élevés. Sauf que dans le cas qui nous intéresse, les taux hypothécaires américains étaient faibles même pour ces emprunteurs. Rajoutons à ça , des courtiers en prêts payés avec une bonne  commission qui sont un peu avides, des courtiers en immeuble qui veulent vendre ( un client incapable de payer son hypothèque peut toujours revendre sa maison et faire un bon profit et ça fait en plus, un client potentiel pour un futur rapproché), un marché immobilier à la hausse ( à cause ,peut-être , de la facilité d’obtenir du crédit) avec plein d’acheteurs potentiels, des pratiques comptables un peu laxistes  et surtout peu de règlementation, des intérêts payés sur l’hypothèque qui sont déductibles d’impôts ( aux USA)  et vous avez un cocktail  explosif. Mais ça ne s’arrête pas là.

On continue.

Donc, les banques et sociétés de prêts se retrouvent avec plein de comptes à recevoir qui sont en fait ces hypothèques et prêts dont le risque de mauvaises créances et le risque de pertes sont  élevés. Les banques ou autres institutions ont donc des actifs  risqués. Que faire avec des risques? Les transférer aux autres!

Quelques génies de la finance ont pensé à créer des titres avec ces comptes à recevoir.  En mettant tout ça  pour ensuite les “titriser” ou fractionner en plus petits morceaux et ces titres ne tombaient pas sous la règlementation  des commissions de valeurs mobilières ou autres.  Au début on les a  appelé des ” collateral mortgage obligation”  et par la suite des “asset-backed paper commercial”  soient des placements ( des papiers   commerciaux )  “backés” par des actifs ( la maison hypothéquée) ou PCAA  (des papiers commerciaux adossés à des actifs).  Ces titres, PCAA, étaient par la suite vendues avec un bon taux d’intérêt et même avec assurance pour les garantir sans aucun risque. Ils devenaient ainsi très attrayant sur le marché et une bonne source de profits pour les courtiers qui les vendaient avec de bonnes commissions.

Un video intéressant en anglais, qui en fait est une satire,  sur Youtube “The Subprime Primer”­  .

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