Juricomptabilité et évaluation d'entreprise

Litige

Au delà des chiffres…

Lors d’une enquête en juricomptabilité, les chiffres ne sont pas que des numéros…ils parlent. Tracy Coenen a publié sur le web un article à ce sujet. Voici un extrait de son texte intitulé “Looking Behind theNumbers in Litigation”  que l’on retrouve à l’adresse suivante:

http://www.sequenceinc.com/index.php?option=com_content&view=article&id=416:looking-behind-the-numbers-in-litigation&catid=15:recent-articles-a-press&Itemid=54

Digging Deeper

Once you’ve got the documentation to perform a thorough financial investigation, the fun work begins. The analysis is often very labor-intensive, especially with cases like money laundering or Ponzi schemes, in which many accounts, entities, and transactions are deliberately used to create a web of confusion.

The data must be harvested and put into a usable format so the numbers can be cross-checked and dots can be connected between people, organizations, and money. The faster this work can be done, the better the attorneys can plot and carry out the litigation strategy.

People lie about numbers, but when you have a financial investigator who can get behind the numbers and find the truth, you create an advantage for your client in litigation. The process of ferreting out the truth isn’t often quick or easy, but be assured that with the right help and the right documents, you can find out where money really went and use that knowledge to fight for your client.

À lire.

Le rôle du juricomptable: La recherche d’actifs dans le cas d’une succession

Lors du décès d’une personne, les héritiers peuvent se poser des questions sur les avoirs du décédé. Ils veulent aussi avoir des informations sur la gestion  et  l’utilisation des fonds que la  personne décédée possédait,  lorsque cette dernière avait antérieurement signé un  mandat d’inaptitude ou avait donné une procuration à un individu.

Il peut arriver qu’une personne qui s’occupe des finances d’un parent  non autonome utilise les fonds de ce dernier à des fins autres que son bien-être personnel et abuse de la confiance  de la personne agée . Quand le stratagème perdure durant 5 ans, 10 ans 15 ans, les sommes détournées peuvent être considérables. Le rôle du juricomptable sera , dans une telle situation, d’examiner les sorties de fonds et de vérifier à quoi ils ont servi. Un état des sources et utilisations des fonds doit être fait  pour concilier les avoirs de la personne, ses revenus et des déboursés.

Lu: L’injonction Mareva. Une arme essentielle dans un contexte de fraude de l’entreprise

L’injonction Mareva. Une arme essentielle  dans un contexte de fraude de l’entreprise, de Me Emmanuelle Saucier, Editions Yvon Blais, 2009.

Un livre à lire pour les juricomptables, comptables et victimes de fraude de l’entreprise. L’injonction Mareva, tient son nom d’une cause anglaise et a pour objet le gel des actifs d’une personne. Au Québec, le nom “Mareva” n’est pas souvent employé , on parle d’injonction seulement. Voici une définition de cette injonction, tiré du livre, page 10 :

Nous entendons généralement par ordonnance Mareva, une ordonnance qui vise le gel de l’actif de la personne qui est visée. Lorsqu’elle est rendue, l’intimé, de même que ses employés, agents, officiers, dirigeants, administrateurs ou toute autre personne, agissant seule ou avec les autres, de même que toute personne à qui l’ordonnance est signifiée ne peuvent plus, directement ou indirectement, de quelque façon que ce soit :

• vendre, retirer, dissiper, aliéner, transférer, hypothéquer, céder les biens de l’intimé, où qu’ils soient situés;
• donner des instructions de vendre, dissiper, aliéner, transférer, hypothéquer, céder les biens de l’intimé, où qu’ils soient situés.
Généralement, ce type d’ordonnance prévoit que les conditions citées précédemment s’appliqueront à l’égard de biens qui appartiennent à l’intimé, qu’il  les possède en son nom ou conjointement. L’ordonnance vise souvent tant des biens à
l’intérieur ou à l’extérieur de la juridiction du tribunal

Le texte est clair , concis avec des exemples québécois et en annexe, on y retrouve, un modèle d’ordonnance de gel des actifs d’un défendeur.

Un livre essentiel pour les juricomptables et pour les victimes de fraude.

Le rôle du juricomptable: réclamations pour perte de revenus d’un travailleur autonome suite à un acte criminel

Une personne victime d’un acte criminel ( violence, stress post-traumatique, accident avec délit de fuite, etc.) peut être indemnisée par l‘ IVAC ( Indemnisation des victimes d’actes criminels) dont s’occupe la CSST. Le montant qu’une personne peut recevoir est calculé selon ses revenus, de la même façon que les indemnités payées par la CSST pour un accident de travail. Par exemple,

Une victime d’agression sexuelle peut réclamer une compensation financière à l’agresseur en ayant recours aux tribunaux civils. La norme de preuve change au civil, elle repose sur la balance des probabilités plutôt que sur le principe du « hors de tout doute raisonnable ». De plus, « le criminel ne tient pas le civil en état », ainsi, même s’il y a eu acquittement ou absence de plainte criminelle, on peut poursuivre au civil. Par contre, l’inverse est aussi vrai, ce n’est pas parce qu’une femme remporte un procès au civil que l’agresseur sera accusé au criminel.

(source:http://www.calacs-tr.org/agressions-sexuelles/le-processus-judiciaire )

Une personne qui subit une perte de revenu suite à un acte criminel , peut poursuivre devant un tribunal civil l’accusé de l’acte criminel. Si l’accusé a des valeurs financières importantes, la victime peut réclamer un dédommagement . Le rôle du juricomptable est de préparer un rapport sur la quantification de la perte de revenu et/ou de produire un rapport critique de la quantification de la perte de revenus émis par le comptable ou juricomptable de la partie adverse.

Un rapport de 3-4 pages incluant la page de présentation et un fichier Excel des revenus des 5 dernières années et faisant état de calculs de revenus “possibles” est un rapport facile à critiquer et à “démolir” en termes de crédibilité. De la même façon , qu’un rapport d’une ou 2 pages , brouillon, faisant un calcul de la valeur d’une entreprise ( qui a été fermée suite à un acte de fraude d’une tierce partie) ou de ses pertes de revenus , calculé à peu près avec des ratios du genre ” la business vaut  0,50$ pour chaque dollar du chiffre d’affaires de 2009″, est sujet à caution en plus de considérer le travail de l’expert comme peu crédible. On ne remet pas à un avocat, dans une cause de litige, un rapport “vite fait” qui ne correspond pas aux normes d’une preuve valide au sens du Code civil.

Les grands  principes dans tout rapport de juricomptabilité ou d’évaluation d’entreprise :

  • La description de la nature de mandat
  • La description de la situation
  • Toutes les données utilisées par le juricomptable doivent être mentionnées ( étendue du travail )
  • Description de l’analyse faite et sa justification
  • Tout ce qui est mentionné doit être supporté par des données, par des hypothèses réalistes, par un raisonnement expliqué. On va donc retrouver dans le rapport, plein de notes en bas de pages , des références et toute la documentation consultée.
  • Lors de  la lecture du rapport, le lecteur doit pouvoir suivre le raisonnement et la logique suivie par le préparateur.
  • Le cv de la personne qui a préparé le rapport.

Pour critiquer un rapport fait par un autre expert ou comptable , j’utilise les normes de l’ Institut canadien des évaluateurs d’entreprise – CIBV ( la norme 410 sur les rapports critiques restreints). Voici des extraits de cette norme:

Le rapport critique restreint doit comprendre une introduction contenant les informations suivantes :
A. le nom du ou des destinataires du rapport;
B. un énoncé de la nature de la mission, y compris l’objet du rapport critique restreint ainsi que l’identification du rapport original examiné;
C. une description des actions, des biens ou de la participation évalués, ou une description du litige ou des faits qui ont donné lieu
au gain ou à la perte de nature financière dont le montant est déterminé dans le rapport original, ainsi que la date de l’évaluation ou de la détermination du montant dans le rapport original;
D. la date la plus récente à laquelle des informations pertinentes (y compris les renseignements obtenus lors de discussions avec la direction ou avec des tiers) ont été obtenues et analysées;
E. lorsque le réviseur ne fournit pas ses services en toute indépendance, une déclaration explicite précisant le rôle et les liens du réviseur par rapport à l’une ou l’autre des parties intéressées, et le fait que le recours aux services du réviseur ne visait pas l’expression de commentaires indépendants;
F. lorsque le réviseur a déjà délivré un rapport d’évaluation, un rapport de conseil ou un rapport d’expertise contenant une conclusion sur la valeur d’actions, de biens ou d’une participation dans une entreprise ou une conclusion sur le montant d’un gain ou d’une perte de nature financière (le «rapport initial») qui portait sur le même sujet que le rapport original faisant l’objet de l’examen, l’identification du rapport initial et un résumé des
conclusions qu’il contient.
G. la dénomination du cabinet responsable de la préparation du rapport critique restreint, ainsi que le nom du réviseur lorsque le rapport critique restreint est préparé aux fins d’un litige;

Le rapport critique restreint doit contenir une définition des termes utilisés pour désigner les valeurs dans le rapport critique restreint («juste
valeur marchande», «valeur marchande», etc.) dans la mesure où ils diffèrent des termes utilisés dans le rapport original, ou une déclaration
précisant que les termes sont les mêmes que dans le rapport original.

6.1 Le rapport critique restreint doit contenir une description de l’étendue de l’examen, y compris un résumé explicite des informations que l’on a
examinées et sur lesquelles on s’est appuyé.

7.1 Au minimum, tous les rapports critiques restreints doivent contenir un énoncé des hypothèses clés retenues dans la formulation des
commentaires du rapport critique restreint, dans la mesure où elles diffèrent de celles utilisées dans le rapport original.

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