Juricomptabilité et évaluation d'entreprise

Fraude – investissements

Les 2 procès de Vincent Lacroix: pour s’y retrouver

Voici quelques points, pour s’y retrouver dans les 2 procès de Vincent Lacroix et la justification du deuxième procès que l’avocat de Lacroix n’a pu faire annuler. Je tiens à signaler que je ne suis pas avocate et que j’utilise la décision de La Reine c. Lacroix, Cour supérieure, Chambre pénale et criminelle, le 9 septembre 2009, dans un but de simplification pour la compréhension du public en général.

Le premier procès de V. Lacroix , de décembre 2007, était un procès en vertu d’infractions à la Loi sur les valeurs mobilières (LMV), loi provinciale du Québec ; articles 195.2, 197.4 et 197.5. Les fautes reprochées touchaient les points  suivants:

195.2. Constitue une infraction le fait d’influencer ou de tenter d’influencer le cours ou la valeur d’un titre par des pratiques déloyales, abusives ou frauduleuses.

197. Commet une infraction celui qui fournit, de toute autre manière, des informations fausses ou trompeuses:

(…)  4° dans un document ou un renseignement fourni à l’Autorité ou à l’un de ses agents;

5° dans un document transmis ou un registre tenu en application de la présente loi.

197. Commet une infraction celui qui fournit, de toute autre manière, des informations fausses ou trompeuses:

(…)

5° dans un document transmis ou un registre tenu en application de la présente loi.

Il a été reconnu coupable en vertu de ces articles sur la Loi des valeurs mobilières.

Le deuxième procès de Lacroix, celui de septembre 2009 portera sur  200 chefs d’accusation relativement à des infractions de fraude, complot ou d’utilisation de produits de la criminalité telles que définies à quatre articles du Code criminel ( loi fédérale):

Fraude

380.(1) Quiconque, par supercherie, mensonge ou autre moyen dolosif, constituant ou non un faux semblant au sens de la présente loi, frustre le public ou toute personne, déterminée ou non, de quelque bien, service, argent ou valeur :

a) est coupable d’un acte criminel et passible d’un emprisonnement maximal de quatorze ans, si l’objet de l’infraction est un titre testamentaire ou si la valeur de l’objet de l’infraction dépasse cinq mille dollars;

366. (1) Commet un faux quiconque fait un faux document le sachant faux, avec l’intention, selon le cas :

a) qu’il soit employé ou qu’on y donne suite, de quelque façon, comme authentique, au préjudice de quelqu’un, soit au Canada, soit à l’étranger;

b) d’engager quelqu’un, en lui faisant croire que ce document est authentique, à faire ou à s’abstenir de faire quelque chose, soit au Canada, soit à l’étranger.

367. Quiconque commet un faux est coupable :

a) soit d’un acte criminel et passible d’un emprisonnement maximal de dix ans;

462.31 (1) Est coupable d’une infraction quiconque — de quelque façon que ce soit — utilise, enlève, envoie, livre à une personne ou à un endroit, transporte ou modifie des biens ou leurs produits, en dispose, en transfère la possession ou prend part à toute autre forme d’opération à leur égard, dans l’intention de les cacher ou de les convertir sachant ou croyant qu’ils ont été obtenus ou proviennent, en totalité ou en partie, directement ou indirectement :

a) soit de la perpétration, au Canada, d’une infraction désignée;

b) soit d’un acte ou d’une omission survenu à l’extérieur du Canada qui, au Canada, aurait constitué une infraction désignée.

Le juge a conclu ( jugement complet ) que même s’il existait un lien , dans les faits, pour certaines infractions en vertu de la LVM et le Code criminel ( influencer le cours de l’action) :

  • il n’y a pas de lien juridique envers les articles des 2 lois;
  • les objectifs de la Loi sur les valeurs mobilières sont spécifiques et distincts de ceux du Code criminel même s’ils concernent l’intérêt public.  Les objectifs du Code criminel sont beaucoup plus larges, généraux et créent des crimes qui subsistent indépendamment des dispositions pénales de la LVM;
  • le requérant doit répondre à des chefs d’accusation au criminel qui n’avaient pas d’équivalent lors de son procès au pénal;
  • les objectifs de la Loi sur les valeurs mobilières sont spécifiques et distincts de ceux du Code criminel même s’ils concernent l’intérêt public.  Les objectifs du Code criminel sont beaucoup plus larges, généraux et créent des crimes qui subsistent indépendamment des dispositions pénales de la LVM;
  • Les peines maximales déterminées par le législateur en vertu de la LVM sont bien inférieures à celles prévues par le législateur en vertu du Code criminel.  Cet élément n’est donc pas probant pour établir la similarité des infractions reprochées;
  • Les mêmes agissements basés sur une trame factuelle identique peuvent entraîner l’existence d’infractions distinctes selon le Code criminel.

Un point qui résume bien la différence entre une loi pénale ( loi sur les valeurs mobilières ) et le Code criminel se retrouve aux paragraphe 52 et 53 du jugement:

[52] Le Tribunal est d’avis qu’il s’agit avant tout d’une loi de nature réglementaire qui vise à protéger l’investisseur et régir le système des valeurs mobilières.  Elle vise à soutenir la confiance du public et à décourager les comportements délinquants à portée civile et commerciale.  Elle fait fonction de prévention beaucoup plus que de répression qui demeure l’apanage du Code criminel.

[53] Il appert des dispositions du Code criminel que ces dernières s’appliquent à tout individu, peu importe le domaine d’activités dans lequel il est appelé à travailler. Ainsi, le Code criminel, par définition, ratisse beaucoup plus large que la Loi sur les valeurs mobilières.

Donc, la LVM a un but de prévention ( par analogie, le code de la route a un but préventif ie donner des règles de conduite, ce qu’il faut faire )

Le Code criminel a un but répression ie punir quand tu as fait un acte illégal. Pour ça que les peines au pénal soit moins importantes que selon le Code criminel.

Fraude à l’investissement et processus décisionnel

Comme mentionné dans les articles précédents , le processus décisionnel n’est pas un processus essentiellement rationnel.  L’étude du processus décisionnel et de la façon dont les décisions se prennent est une science récente (1990) ; la neuroéconomie. La biologie, la génétique influencent la prise de décision.

Selon wikipedia, on peut définir la neuroéconomie:

La neuroéconomie est une branche de recherche au croisement de l’économie et des neurosciences cognitives qui étudie l’influence des facteurs cognitifs et émotionnels dans les prises de décisions qu’il s’agisse d’investissement, d’achat, prise de risque, consommation. Elle couvre entre autres, sous l’appellation neurofinance, la prise de décision en matière de placements et d’emprunts.

Elle est voisine de l’économie comportementale, la différence étant que celle-ci s’intéresse plutôt aux comportements individuels et collectifs des agents économiquesneurobiologiques de ces comportements, notamment grâce aux techniques d’imagerie cérébrale.” tandis que la neuroéconomie examine les bases

….

“La neuroéconomie tend donc à confirmer le rôle important des processus psychologiques émotionnels dans la prise de décision économique et financière, laquelle ne se fait donc pas entièrement sur des bases rationnelles. Elle apporte ainsi un nouvel outil d’investigation permettant de compléter l’étude des biais cognitifs et émotionnels déjà mis à jour dans le domaine plus large de l’économie comportementale.

Au niveau des applications, une meilleure connaissance du rôle des émotions dans la décision économique peut à la fois conduire à des manipulations (par exemple en matière de promotion des ventes, le neuro-marketing) et à l’inverse permettre aux agents économiques de mieux comprendre, pour y résister, ce qui, dans leur fonctionnement mental, peut les détourner d’une analyse rationnelle.”

Source: http://fr.wikipedia.org/wiki/Neuro%C3%A9conomie

On appelle “inattentional blindness” , un aveuglement par rapport à ce qui se passe autour de nous. Un petit test à faire, absolument super. Ça ne prend que quelques secondes à faire.

YouTube Preview Image

Un autre:

YouTube Preview Image

Ce n’est donc pas évident de faire le bon choix face à une multitude de stimuli , d’informations que le cerveau ne peut pas traiter consciemment et d’autres que l’on ne sait même pas  qu’il traite inconsciemment.

Herbert Simon mentionnait: ” chaque organisme humain vit dans un environnement qui produit des millions de bits de nouvelles information chaque seconde mais[…] l’appareil de perception n’admet certainement pas plus de 1 000 bits par seconde et probablement moins “

Source: wikipedia   http://fr.wikipedia.org/wiki/Herbert_Simon

Le traitement médiatique des victimes de fraude et les commentaires sur le web.

dreamstimeweb_900288_reprimandeJe trouve désolant les commentaires des gens sur les victimes de fraude . On peut lire sur les sites web des médias après un article sur une fraude dans la section des lecteurs. des  commentaires désobligeants sur les victimes. Et même les remarques de certains  commentateurs à la radio et à la télé  démontrent une faible connaissance de la psychologie de la victime de la fraude et des techniques de persuasion utilisées.

Pas étonnant que beaucoup de victimes de fraude ne porte pas plainte. Personne n’aime être traitée de con et d’idiot . Inutile de tourner le fer dans la plaie, les victimes ont besoin d’aide pas de se faire dire ” ben voyons, c’était trop beau pour être vrai… t’aurait ben du te douter de… té ben con …” et de culpabiliser encore plus . Facile de dire tout ca à posteriori.

Personne ne décide qu’il place son argent chez un fraudeur. Ils ont  pu manqué de diligence mais ce sont des victimes de fraudeurs professionnels, de manipulateurs expérimentés , de psychopathes spécialisés dans des techniques de manipulation et d’influence. Ce n’ est pas écrit dans le front du fraudeur que c’est un fraudeur et ces derniers ne portent pas l’habit du loup mais l’habit d’un gars cool en qui on peut avoir confiance, qui est respectable, qui donne à des organismes de charité, qui s’implique dans le communauté.

35  sur 65 milliards des pertes encourus par les clients de Madoff  appartiennent à 25 investisseurs qui sont des “hedge funds”, des  organismes de charité et d’ individus riches. ( ref. How to Smell a Rat de Ken Fisher  , page 8).

Le processus décisionnel est en partie irrationnel et inconscient. Pas 100% rationnel. Même dans des organisations, les décisions d’affaire ne sont pas 100 % rationnelles .

À VENIR BIENTÔT DANS CE BLOG:  des articles  expliquant le processus décisionnel et les techniques d’influence.

Un autre cas de fraude présumée à Montréal: enquête sur H. Rosen

L’ Autorité des marchés financiers semble assez occupée ces temps-ci. L’ AMF enquêtre sur un nouveau cas de fraude présumée. Un autre conseiller financier , non inscrit, est sous-enquête. Ce dernier investirait l’argent de ses clients dans des compagnies de construction.   L’ AMF est à la recherche de victimes .

Le point positif de toute la couverture médiatique présente  est que les gens se font dire de vérifier si leur courtier est inscrit auprès de AMF et qu’ils vérifient. Je pense que les plaintes vont augmenter dans les prochaines semaines et que les gens vont être plus prudents.  Il faut quand même remarquer que des fraudes viennent aussi de gens inscrits.

Référence:

http://www.cbc.ca/canada/montreal/story/2009/08/14/investment-adviser.html

LU: How to Smell A Rat – The Five Signs of Financial Fraud

How to Smell A RAT – The Five SIgns of Financial Fraud. de Ken Fisher.

En traduction libre, le titre de ce livre pourrait s’écrire: comment reconnaître les représentants  qui en veulent à votre argent et à vos épargnes.

S’il y a un livre à lire pour un particulier qui a des placements entre les mains d’un courtier ou un représentant, c’est celui-là.

Ce livre énumère les signaux  de fraude par un représentant dont il faut être attentif.

Très bon livre pour quelqu’un qui veut être au courant des signaux avant-coureur d’une fraude financière à forte probabilité.

Quelques points:

  • peu importe le  montant du placement, le fraudeur veut tout. Des petits  montants comme les gros;
  • Vous ne devez pas donner le contrôle de vos actifs ;
  • Vous devez comprendre la composition de votre portefeuille et le genre de vos placements;
  • Ne rien prendre pour acquis;
  • Les gens peuvent être des maîtres en manipulation;
  • Savoir où vos fonds sont déposés et la preuve qu’ils sont à votre nom;
  • Un accès en ligne à votre compte est un point positif;
  • Attention quand c’est trop beau pour être vrai;
  • De bons rendement année après année  et constant sont des  éléments suspect et quasi-impossible;
  • Trop compliqué? Prudence!;
  • Un représentant avec une bonne réputation? Madoff donnait beaucoup aux organismes de charité. Les fraudeurs peuvent s’impliquer au niveau politique et au niveau social. Donc attention à la facade,  ( le fraudeur ne porte pas le masque du loup );

Quelques extraits:

  • “Rats aren’t looking for financial illeterates. They want victims who won’t question too hard _either because they are busy, intimidated  or easily distracted by outsized performance claims”;
  • “Reputation is an iddle and most false imposition; off got without merit, and lost without deserving” citation de Shakespeare ( La réputation est un pr.jugé vain et fallacieux, souvent gagnée sans mérite et perdue sans justice ) .

Un point très important et dont on parle peu. De la responsabilité de l’investisseur d’être diligent  ( due diligence)  et de s’ occuper de ses affaires . La SEC ou l’Autorité des marchés financiers (AMF)  ne peut tout contrôler.  De la même façon  que l’on met le verrou de sa porte, que l’on peut avoir un système d’alarme, qu’on laisse une lumière allumée, que l’on protège sa  maison des voleurs, il faut être prudent et faire devoir de diligence. Car, on ne s’attend pas à ce qu’il y ait un policier à tous les coins de rue. La prévention, c’est plus efficace que la détection.

L’auteur termine en faisant un résumé et une liste de contrôle.

À lire par toute personne ayant des épargnes.

Poursuites contre des conseillers financiers

La couverture médiatique sur les fraudes permet aux investisseurs d’être plus vigilants et de surveiller de plus près leurs placements. De nouvelles poursuites sont logées par des avocats :

“L’avocat Jacob L. Rothman, qui a intenté cette semaine des poursuites judiciaires au nom de deux présumées victimes, affirme que l’Autorité des marché financiers n’a pas fait son travail.

Selon lui, L’AMF aurait passé de 15 à 20 mois à enquêter sur la firme Progressive Management Ltd., une «coquille vide» située aux Bahamas pour le compte de laquelle des conseillers financiers ont sollicité ici des fonds d’investissement.”

À lire, en cliquant ici, un article de La Presse.

Une autre histoire de placements aux Bahamas …

Earl Jones devant un juge

Le présumé fraudeur de 50 millions de la région de Montréal qui avait disparu depuis près de 3 semaines s’est livré à la Justice avec son avocat. Il devrait comparaître devant le juge pour répondre à des accusations de vol et de fraude.

Earl Jones agissait comme conseiller financier sans être inscrit auprès de l’ Autorité des marchés financiers. Il semblerait que les comptes bancaires de ce dernier étaient vides et que les chèques faits à ses clients  étaient sans provision.

À suivre…

et à lire sur Radio-Canada .

ua-7044257-1