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Articles from: 29/09/2011

Lu: La grande fraude – Crime, subprimes et crises financières de Jean-Françcois Gayraud

La grande fraude  – Crime, Subprimes et crises financières de Jean-Françcois Gayraud , Odile Jacob, 2011.

L’auteur est docteur en droit et propose son explication sur la crise financière. L’explication économique et financière est que des forces abstraites impersonnelles , des cataclysmes genre catastrophe naturelle. Les gens de Wall Street sont donc des victimes d’un tsunami que rien n’aurait pu prévenir. La question à se poser: quelle est la part de responsabilité de l’homme. Pour l’auteur la crise trouve sa racine dans le dysfonctionnement des institutions de surveillance et de contrôle qui sont des choix politiques. Il cite T. Veblen , un économiste et sociologue du début du 20 ième siècle qui affirme que l’économie est traversée par 2 instincts: l’instinct artisan et l’instinct de proie. L’homme de travail est paisible par nature mais l’homme de proie est en compétition, il est agressif et tente constamment d’écraser par sa supériorité. Le prédateur s’enrichit sur par la dépossession des autres et par la manipulation. On retrouve l’instinct prédateur chez les hommes politiques, les sportifs, les financiers et spéculateurs. Ils représentent l’élite.

Il cite aussi un philosophe Gilles Chatelet qui a écrit en 1998 le livre “Vivre et penser comme des porcs” et que pour les financiers , l’homme moyen est le paysan d’autrefois qui devait payer le seigneur par son travail.

Le financement des campagnes pour les élections a un effet corrupteur et rendent les politiciens redevables aux donateurs en premier lieu et en second lieu aux électeurs. Nous sommes dans un environnement criminogène qui se résume en 3 mots: dérégulation, désupervision et déminicralisation. Les 3 “D”.

Je termine par une citation de B.J. Stein que l’on retrouve dans le livre:

Comme devrait le savoir toute personne qui a gagné sa vie dans les affaires, quand les flics restent à la maison pour regarder la télévision, les criminels deviennent incontrôlables. Même les hommes qui, à l’origine, ne sont pas tentés de devenir des criminels le deviennent. Adam Smith le savait quand il disait que, laissés sans contrôles les hommes d’affaires conspireront toujours contre le bien public en s’entendant sur les prix. Joseph Kennedy le savait quand il fut premier patron de la SEC. John Kennedy le savait quand il disait que tous les hommes d’affaires étaient des fils de putes.

Un excellent livre, qui se lit comme un roman et écrit d’une façon très imagée.

Anticor: une organisation française de lutte contre la corruption fait signer une Charte éthique aux élus

Il est intéressant de voir ce que font les citoyens dans d’autres pays. En France, Anticor est une association des élus et des citoyens contre la corruption. L’adresse du site est : www.anticor.org.

Voici un texte tiré de leur site:

 

Elus et citoyens affirment qu’il est possible de faire de la politique autrement, sans pratiquer le clientélisme, sans tricher, en parlant vrai et en éliminant de la scène politique tous ceux qui ont commis des délits dans l’exercice de leur fonction élective. Pour ce faire, ils encouragent tous les partis à réagir et à se prononcer nettement sur les mesures d’assainissement qu’Anticor préconise pour réhabiliter la politique.

Tous font le constat désolant, que depuis quelques années, les affaires de corruption impliquant des hommes politiques, toutes tendances confondues, se multiplient. Elles éclaboussent même les sommets de l’Etat. Elles donnent de la France une image de république bananière. Quant au pouvoir en place, il freine les actions de la justice quand celle-ci cherche à affirmer son indépendance. Ce triste constat entraîne une désaffection profonde d’une majorité de citoyens de notre pays pour sa classe politique et pour ses institutions. En effet, d’après une étude du Centre de Recherches Politiques de Sciences Po (CEVIPOF), en 2006 60 % des Français jugent leurs élus corrompus.

On peut s’étonner que de tels signes de rejet de la politique ne suscitent pas encore l’attention qu’ils méritent auprès de la plupart des partis républicains. Tous plus allants sur la lutte contre la délinquance ordinaire, à propos de laquelle ils réclament une «tolérance zéro», se font généralement discrets s’agissant de la délinquance en col blanc. Pis, ils organisent le recyclage, et même pourrait-on dire le « recel» d’élus corrompus.

Il faudrait pourtant que les partis politiques comprennent que rien n’indique que les candidats corrompus bénéficient d’une plus-value électorale. On constate même l’inverse : une prime à la morale, là où la problématique de la bonne gestion publique, de l’éthique, des nouvelles pratiques est vigoureusement portée par un candidat en campagne, même si malheureusement quelques exemples viennent parfois contredire ce constat.

 

Source: http://anticor.org/qui-sommes-nous/

Ils ont écrit une charte pour les candidats et les  élus :

Cette charte s’adresse aux candidats et aux élus des collectivités territoriales.

Elle a pour objectif premier de faire en sorte qu’une collectivité territoriale s’engage à soutenir et appliquer les propositions d’Anticor y figurant.

Dans ce premier cas, la majorité de cette collectivité locale sera en charge de présenter la charte au Conseil délibérant et de la faire voter par l’ensemble des élus la composant. Cette collectivité territoriale pourra alors recevoir le label Anticor, qui devra être confirmé chaque année.

Si cela n’était pas possible, l’opposition, dans son ensemble, pourra signer la charte éthique des collectivités territoriales (C.E.C.T.), afin de la soutenir et de la promouvoir.

Troisième possibilité : la C.E.C.T. peut de même être signée par l’un des groupes d’opposition.

Enfin, il restera la solution, pour chaque élu le souhaitant, de signer personnellement la C.E.C.T.

 

Cette charte comporte 3 sections sur les engagements des élus, la démocratie locale et son contrôle et la gestion des finances publiques.

Voici un  extrait assez intéressant de cette charte :

C) LA GESTION DES FINANCES PUBLIQUES

 9) Gestion des deniers publics transparente et rigoureuse

 Les élus doivent servir et non se servir. La gestion de l’argent public doit se faire de façon exemplaire, dans l’intérêt général et non pas à des fins partisanes ou personnelles.

Les budgets annuels doivent être lisibles par l’ensemble des citoyens, grâce à des outils comprenant des ratios de gestion simples, fiables et comparatifs. En effet, les différents postes du budget doivent aisément pouvoir être comparés à ceux des collectivités de taille et d’environnement similaires, comme à ceux des années précédentes.

L’ensemble du budget et du compte administratif annuel doit être accessible par internet, afin que les citoyens qui le souhaitent puissent en prendre connaissance.

 10) Délits financiers des élus

 Le législateur a prévu la possibilité d’inéligibilité jusqu’à 10 ans d’un élu condamné pour corruption, sans automaticité de la peine. Dans la pratique, le juge reste souverain et les condamnations sont rarement de plus d’un an. Outre le fait que les peines sont le plus souvent amnistiables, il est anormal et choquant qu’un élu ayant détourné l’argent du contribuable puisse se représenter à une élection, alors qu’un fonctionnaire ou un comptable dans une société se verrait révoquer définitivement. Il en est de même de certaines professions qui exigent un casier judiciaire vierge.

Les signataires de la présente charte sont favorables à l’instauration d’une nouvelle clause d’éligibilité, à savoir l’absence de toute condamnation pour des délits ayant trait à la gestion de l’argent public, même en cas d’amnistie de cette condamnation. Une telle mesure est la meilleure sanction dissuasive contre la corruption.

Tout élu condamné pour un tel délit sera démis de ses fonctions exécutives et verra ses délégations retirées, provisoirement après une condamnation en première instance, et définitivement si la condamnation devient définitive. Ce principe s’inspire de la morale républicaine qui veut que tout élu soit un modèle d’exemplarité pour l’ensemble des citoyens.

11) Réglementation stricte du lobbying

Les nombreux exemples de dérives dues au lobbying ont démontré qu’il fallait réglementer strictement celui-ci. Non seulement la transparence doit être la règle sur les actions de démarchage faites par les entreprises, mais il convient d’en encadrer l’usage aux seules dépenses liées à leurs domaines d’exercice.

Si des élus peuvent entendre, auditionner, rencontrer des groupes d’intérêt, c’est à condition que cela soit fait collégialement et avec une annonce publique préalable de ces rencontres, afin de préserver l’équité entre les différents groupes d’intérêts et la transparence due aux citoyens.

Tout élu s’interdira d’exercer des pratiques d’influence intéressées au sein de sa collectivité. Les seuls cadeaux qu’il pourra accepter seront des échantillonnages de présentation des entreprises. Chaque élu doit s’engager à révéler toute tentative de pratique d’influence privée de la part d’entreprises, groupements, sociétés… dont il aurait connaissance, afin de préserver l’éthique des marchés publics.

Les grandes entreprises impliquées dans les scandales de corruption et de financement occulte des partis politiques bénéficient encore aujourd’hui des marchés publics. Afin d’être dissuasif dans la poursuite de pratiques corruptrices, il conviendrait d’interdire de postuler pour un marché public à toute entreprise ayant versé des pots de vins ou ayant pratiqué des ententes illicites avec d’autres entreprises pour obtenir un marché.

Les signataires de cette charte s’engagent à ne pas retenir pour leurs marchés publics une entreprise condamnée pour corruption.

 

Qu’un groupe fort, accepté et reconnu par et pour des citoyens fasse signer une lettre aux candidats  avant des élections serait assez intéressant au Québec. Est-ce que tous les candidats la signerait?  Quels seraient les moyens de pression si un candidat élu serait fautif envers cette charte?  Ce serait un bon départ d’avoir ça au Québec.

 

La corruption en France selon les françcais

72% des français sondés considèrent que trois élus sur quatre sont corrompus selon un sondage publié le 28 septembre 2011  :

Près de trois Français sur quatre (72 %) estiment que d’une manière générale les élus et les dirigeants politiques sont “plutôt corrompus”, contre 19 % qui pensent qu’ils sont “plutôt honnêtes”, selon un sondage TNS-Sofres* pour la matinale de Canal+ mercredi. “Ce jugement critique est le plus fort jamais mesuré depuis 1977, date à laquelle la question a été posée pour la première fois par TNS Sofres. Il est en outre en augmentation de 4 points par rapport à juillet 2010, qui était déjà un record”, note l’institut.

Source: Le Point

 

Nous aurions  surement ce genre de résultats si un sondage était fait au Québec.

 

 

La corruption au Québec et ailleurs

La corruption au Québec.

Dernièrement je lisais les blogs et les commentaires des lecteurs et on y voit souvent l’expression “on vit dans une république de banane” comme si la corruption n’existait que dans des pays sous-développés contrôlés par des gouvernements non démocratiques. Si on lit des journaux sérieux d’autres régions ou de pays, la corruption est partout et est un phénomène lié au manque de régulation ou à la dé-régularisation ,  à la présence de l’humain et au laxisme. Manque d’éthique, manque d’empathie, manque de respect des autres, des gens veulent le pouvoir et le pouvoir vient avec l’argent. Ils agissent de façon  illégale ou dans une zone d’ombre.  Des formations sur l’éthique ou des codes d’éthique pour des employés, des représentants , des conseillers municipaux , oui, c’est une bonne chose. N’oublions pas, que tous nous prêchons pour l’éthique, l’honnêteté mais le loup se déguise toujours comme dans la fable. Je suis pour la formation mais je ne crois pas que les choses vont changer avec des cours de formation car les lois sont déjà là et des règles existent. Les gens sont témoins de la corruption, ils savent , ils connaissent les noms. Ils ont peur , se taisent et veulent garder leur job. La vie après la délation n’est pas drôle même si on garantit l’anonymat. Ces  gens peuvent se retrouver sans emploi ou des procédures peuvent être prises pour connaître le nom des délateurs ( pensons au cas de Machouette et des procédures pour connaître le nom du délateur).

L’idée de la norme et certification IGO 9002  ( http://www.igocertifications.org/ )serait un très bon départ mais qui ne s’adresserait pas seulement à des municipalités mais à toutes les  organisations qui soumissionnent ou qui font  affaire avec les gouvernements.

Une cote de bonne gouvernance éthique avec des ” auditeurs” , pas les comptables qui font les audits annuels des états financiers mais des auditeurs qui font un rapport aux deux années ( ou trois ) sur des règles de bonne gouvernance pour ceux qui soumissionnent pour des contrats gouvernementaux. Un rapport que l’entreprise ne fraude pas, que des normes de gouvernance rigoureuse sont suivies, qui ferait état des contributions politiques, des liens des dirigeants avec les élus ou les partis, etc. Ces mêmes auditeurs pourraient travailler au sein d’une organisation gouvernementale et ainsi être à l’abri de la magouille. Un peu le même rôle que l’équipe du  vérificateur général pour le gouvernement. Certains diraient qu’il n’est pas nécessaire d’avoir une autre entité gouvernementale, il en existe tellement mais les économies qui en résulteraientt sur les coûts des contrats pourraient être importantes.

La corruption est dans les moeurs et la culture de certains secteurs de l’industrie et comme disait un désormais célèbre enquêteur, les entreprises honnêtes ne peuvent pas y survivre. Elles se conforment donc ou crèvent, c’est la loi de la sélection naturelle.

 

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